Les bâtiments agricoles ne sont pas épargnés par les incendies d’été. Le cocktail détonnant entre l’humidité résiduelle à l’intérieur du foin ou du grain et la sécheresse ambiante facilite l’élévation de la température dans le stockage et le départ de feu.
Soigner le stockage
Dans le cas des céréales, encore plus du tournesol qui s’enflamme très rapidement, Groupama recommande la plus grande vigilance dans les stockages à plat, moins bien ventilés que les cellules. À l’approche de la campagne, un nettoyage complet du hangar est indispensable pour éliminer les poussières et pailles de la campagne précédente. Ce nettoyage de printemps s’applique également aux cellules.
L’assureur préconise aussi de faire dépoussiérer l’installation électrique, et en particulier le tableau de commande, par un professionnel. L’organe le plus sensible reste l’élévateur à godet. En cas de bourrage ou de dysfonctionnement du dispositif de la sangle, celle-ci vient frotter contre le carter et provoque une élévation rapide de la température.
La température suivie
sur le smartphone
Jusqu’à présent, les solutions pour connaître la température du grain dans le silo nécessitaient toutes de se rendre sur le site de stockage, engendrant des pertes de temps et des coûts de déplacement. En période de pointe de travaux, cette surveillance continue en journée et en soirée est souvent négligée. C’est ce problème que la start-up Javelot entend résoudre avec son capteur connecté, qui envoie les informations collectées directement sur smartphone, tablette ou ordinateur.
Ce capteur, qui s’apparente à un javelot, se plante dans les silos. Avec cette forme, l’outil est plutôt réservé aux silos de stockage à plat. Pour le mettre en route, l’opération est rapide : il suffit de le planter dans le tas. Une seule lance est nécessaire pour 150 à 200 tonnes. S’il y a plus de grains dans le silo, il faudra en planter plusieurs et les positionner sur l’application d’aide à la décision de la start-up. Celle-ci est développée en collaboration avec Arvalis. Un capteur prend également place à l’extérieur du bâtiment pour mesurer tous les paramètres environnants.
Ces informations sont envoyées sur l’application via un réseau à basse fréquence, afin de s’affranchir de réseau internet. Sur cette dernière, il est possible de définir des seuils de températures minimale ou maximale. Lorsque ceux-ci sont dépassés, une notification d’alerte est envoyée à l’agriculteur. Y sont ajoutés des informations sur les risques potentiels et des conseils d’intervention pour rétablir une situation normale.
Plusieurs sites de stockage sont configurables sur l’interface. L’agriculteur n’a plus besoin de se déplacer d’un site à l’autre puisque les informations sont transmises à distance et centralisées sur une seule plate-forme. Tout au long du stockage, l’application enregistre les données récoltées par les capteurs afin de fournir un bilan des variations de températures subies par le grain. Il est possible d’acheter des capteurs ou de les louer. La location et l’accès à l’application d’aide à la décision sont accessibles dès 1 € la tonne surveillée.
Des balles de foin
connectées
Les incendies de hangars à foin ou à paille sont toujours spectaculaires et peuvent détruire une récolte en quelques minutes. C’est une préoccupation majeure des éleveurs, en particulier pour le foin qui s’enflamme facilement s’il a été pressé trop humide ou si le stockage n’est pas très étanche. Un fait confirmé par Groupama, qui encourage financièrement plusieurs start-up proposant des solutions pour pallier ce problème.
Le dispositif Haytech se compose de sondes de température, d’un relais et d’une application sur internet. Au moment de rentrer ses balles de foin, l’éleveur insère une sonde, qui ressemble à un marteau, au cœur de chaque balle qu’il souhaite utiliser comme témoin. Les sondes sont bien visibles sur la balle grâce à leur couleur rouge, et portent un numéro qui facilite leur identification en cas de problème. De plus, elles intègrent une alarme sonore qui simplifie la localisation de la zone à risque.
Chaque sonde est alimentée par une pile dont l’autonomie est de cinq ans en conditions normales. Cette pile peut être remplacée par l’éleveur. Les informations envoyées par les sondes sont collectées par un relais installé au bureau ou à la maison. Les données sont transmises par ondes radio avec une portée de 1 à 3 km. Le relais est connecté à internet via un câble Ethernet. Pour l’éleveur, tout se passe sur internet ou sur son smartphone, avec une application web accessible à partir du compte d’utilisateur sécurisé et privé. Un graphique clair affiche l’évolution de la température du fourrage en temps réel. Dès que le logiciel détecte une situation anormale, l’éleveur est averti par SMS.
Le pack de démarrage de Haytech comprend 25 sondes mais un relais est capable d’en gérer jusqu’à 500. L’idée est de disposer les sondes sur plusieurs balles, à des hauteurs différentes. Les balles pressées dans les parcelles les plus humides seront ciblées en priorité.
Une autre solution consiste à « monitorer » la totalité du stockage de fourrage en déployant un filet entre les rangées de balles. Ce filet est garni d’un réseau de capteurs qui analysent le taux d’humidité et la température du fourrage. Les capteurs communiquent entre eux avec la plate-forme internet à travers le réseau LoRa. Les start-up qui travaillent sur ce projet estiment le coût d’une telle surveillance entre 600 et 700 € pour 300 balles.