Benoît Trojet et Guillaume Largeaud, agriculteurs dans le Marais poitevin, ont été parmi les premiers à répondre à l’appel du Parc naturel régional (PNR) du Marais poitevin et de la chambre d’agriculture de Vendée. L’objectif : commercialiser de la viande bovine marquée « Valeurs Parc naturel régional du Marais poitevin ». Ils ont mis en place, avec l’aide du directeur du pôle des « espaces naturels du parc », Régis Pasquier, un cahier des charges régional, sur la base de celui proposé par la Fédération nationale des PNR (voir encadré). Il reprend les exigences de la Mesure agroenvironnementale et climatique (MAEC) existante pour le parc, en termes de chargement, de fertilisation et d’utilisation des produits phytosanitaires. « Ce qui rend la marque accessible a un maximum d’exploitations », explique Xavier Garreau, élu de la chambre d’agriculture de Vendée en charge du projet. Les animaux doivent être de race à viande, nourris principalement à l’herbe, sans OGM et sans additifs alimentaires à base d’urée.
Du revenu supplémentaire
« Il faut que chaque producteur puisse vendre un nombre significatif d’animaux marqués pour que la démarche ait un réel impact sur le revenu », explique Xavier Garreau. La plus-value sur ces derniers peut représenter entre 250 et 400 euros par bête. L’objectif est qu’au moins la moitié des animaux finis au sein de l’exploitation, généralement des vaches ou des génisses, soit vendue sous la marque. Ce qui, sur la base de dix ou quinze, peut représenter entre 3 000 et 5 000 euros de plus par an.
Dans le marais, les contraintes de production sont fortes : faible rendement des prairies, difficultés d’accès, nécessité de broyer les refus… Benoît et Guillaume ont donc vu la mise en place de la filière comme une opportunité pour les aider à maintenir l’élevage. « L’image du marais est extraordinaire. Il y a une manne à exploiter pour valoriser nos animaux. La contrainte majeure de la filière, c’est seulement d’être un peu plus attentif au fait que notre aliment soit sans OGM », s’enthousiasme Benoît Trojet. « Pendant des années, j’ai essayé d’augmenter la productivité sur l’exploitation, mais cela ne fonctionnait pas. Je me suis rendu compte qu’il valait mieux s’adapter au milieu », reconnaît Guillaume Largeaud.
Une filière complète
Aujourd’hui, quarante-quatre exploitations, deux opérateurs, un magasin sont engagés dans la filière viande bovine « Valeurs PNR du Marais poitevin », ainsi que plusieurs bouchers traditionnels et des restaurateurs. « Il a fallu plus de dix-huit mois. Nous avons monté une filière complète, qui va des producteurs jusqu’aux distributeurs, car tous les exploitants n’ont pas la fibre pour faire de la vente directe », explique Xavier Garreau. Une charte de bonne utilisation de la marque a été signée par tous les acteurs de l’aval. « Ce n’est pas contractuel, c’est éthique, mais nous voulions impliquer tous les maillons de la chaîne. Les agriculteurs ne doivent pas être les seuls à avoir des contraintes », poursuit-il.
Le travail ne fait que commencer. D’autres producteurs sont déjà intéressés par la démarche. Pour les intégrer, il faut trouver de nouveaux débouchés.