Longtemps négligée, la finition des réformes laitières souffre d’un manque de références techniques et économiques. L’éleveur qui souhaite se lancer dans l’engraissement se trouve confronté à un déficit d’accompagnement et de conseils. Depuis quelques années cependant, de plus en plus de structures tel l’Institut de l’élevage, ainsi que certaines coopératives ou chambres d’agricultures s’emparent du sujet.

Privilégier le lait

« Avant même l’intérêt économique, la stratégie de finition est liée à son intégration dans le fonctionnement de l’exploitation, et plus encore dans le système fourrager », avertit Jérémy Douhay. Le niveau des ressources alimentaires est déterminant : surface en herbe, disponibilité en coproduits, excédents de stocks, cultures… Le manque de place dans les bâtiments ou le chargement (limité en zone AOP) sont d’autres facteurs limitants.

L’éleveur doit aussi prendre en compte le travail supplémentaire induit par la finition. « En aucun cas, l’atelier d’engraissement des vaches ne doit entrer en concurrence avec l’activité de production laitière, principale source de rémunération d’un élevage laitier », insiste Jérémy Douhay.

Bien préparer les animaux

Une bonne finition commence par le choix des animaux à engraisser (lire l’encadré). Pour améliorer l’efficience alimentaire des vaches, il est conseillé de réaliser un traitement antiparasitaire en début de finition. Le tarissement est également fortement recommandé, en particulier si l’animal est réformé en début de lactation ou s’il est maigre.

Pour cela, un régime à base de paille et d’eau durant une dizaine de jours peut s’avérer suffisant dans le cas d’une finition à l’auge. L’introduction d’ensilage ou de concentrés doit ensuite se faire de façon progressive, sur trois semaines environ. Au pâturage, l’apport de foin ou de paille durant quelques semaines assurera la transition vers le régime d’engraissement.

1. Finition à l’auge

La durée de finition dépend de l’état d’engraissement initial de l’animal et de la nature de la ration. Une étude réalisée à la station expérimentale de Mauron donne quelques références (voir l’infographie). Elle a porté sur 42 prim’holsteins taries, de 570 kg vifs en moyenne. Les vaches ont reçu quotidiennement 12,5 kg de matière sèche d’ensilage de maïs, ainsi que 1,2 kg de tourteau de soja et 160 g de minéral. Le coût alimentaire de la ration se situe autour de 177 €. Une charge à laquelle il faut ajouter le coût de la litière. Sur une durée de 95 jours, les vaches ont réalisé une croissance de 1 250 g/jour, une prise de poids vif de 120 kg et un gain de conformation de 2/3 de classe.

« Cette finition est plus intéressante économiquement lorsque le prix du tourteau de soja est faible, et surtout lorsque l’écart de prix gras/maigre est élevé », souligne Jérémy Douhay.

2. Finition au pâturage

« Si un éleveur a des surfaces en herbe disponibles, il ne doit pas hésiter à finir ses vaches, explique Didier Bastien, chef de projet en élevage bovin allaitant à l’Idele. Dans le cas où un lot spécifique de vaches à engraisser serait difficilement réalisable (effectif faible, surfaces restreintes…), les animaux peuvent être conduits avec les génisses ou les vaches taries pour valoriser des pâturages éloignés du siège de l’exploitation. »

Plus souple, la finition à l’herbe a cependant ses exigences. Des essais sur l’engraissement au pâturage ont également été réalisés à la station de Mauron, avec des animaux similaires à ceux de l’essai précédemment décrit. La mise à l’herbe a eu lieu le 1er avril. Les vaches ont reçu du foin durant trois semaines pour assurer une transition. Chaque prim’holstein pâturait environ 28 ares de prairies ray-grass anglais-trèfle blanc et de prairies dactyle-trèfle blanc. Le pâturage était tournant sur 5 à 7 parcelles et la durée des cycles d’un mois en moyenne. En 101 jours, les prim’holsteins ont pris 108 kg vifs, soit une croissance de 1 080 g/jour, et leur conformation s’est améliorée d’une demi-classe. Le coût alimentaire est estimé autour de 57 €.

« Dans l’idéal, il faudrait donner une herbe de grande qualité aux réformes. Dans la réalité, les éleveurs préfèrent privilégier le troupeau en production », commente Jérémy Douhay. Une gestion performante du pâturage tournant est dans tous les cas fortement recommandée. « L’éleveur ne devra pas hésiter à complémenter les vaches au pâturage en cas de manque d’herbe et en fin de période pour accélérer la finition. »

La finition à l’herbe est dans tous les cas intéressante économiquement car l’herbe pâturée reste le fourrage le moins coûteux. Finir des vaches au pâturage pour une commercialisation durant la période estivale permet à la fois de réduire le coût alimentaire et de bénéficier de la remontée du cours de la viande.