Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Après la polémique Carrefour, qui avait promis de ne pas commercialiser des viandes du Mercosur avant de devoir s’excuser piteusement quelques jours plus tard, c’est Danone qui a dû faire amende honorable auprès du ministère de l’Agriculture brésilien.
L’histoire commence le 25 octobre quand l’agence Reuters révèle les propos du directeur financier de Danone, Juergen Esser, qui assure que le groupe ne source plus de soja au Brésil, préférant les origines asiatiques désormais. « Nous avons vraiment une traçabilité complète, donc nous nous assurons de ne prendre que des ingrédients durables », a-t-il complété.
« Injustement désignés comme les méchants »
Quand la nouvelle a traversé l’Atlantique, la réaction a été immédiate. « Il ne fait aucun doute que les producteurs ruraux brésiliens, fatigués d’être injustement désignés comme les méchants, alors qu’ils sont en fait les héros du développement durable, commencent à avoir de nombreuses raisons de mettre Danone et d’autres marques mondiales sur la liste des entreprises à boycotter au Brésil », a fustigé dans la foulée Aprosoja, le syndicat brésilien des producteurs de soja.
Danone, qui commercialise plusieurs produits populaires au Brésil a rapidement tenté de démentir. Quelques jours après, Silvia Dávilla, la présidente de la zone Amérique latine du groupe, regrettait des « informations incorrectes » et confirmait que « Danone continue d’acheter du soja brésilien conformément aux règlementations locales et internationales » dans un communiqué.
Une lettre d’excuses au ministère
Plusieurs semaines plus tard, le 9 décembre 2024, le ministère de l’Agriculture du Brésil a révélé la lettre d’excuses que Danone lui a directement adressée. « Nous reconnaissons l’engagement remarquable du gouvernement brésilien en faveur de la préservation des forêts locales et ses programmes robustes dédiés à la protection de la forêt amazonienne et à la promotion d’une agriculture durable du soja », ont écrit le vice-président exécutif Laurent Sacch et Silvia Dávilla.
« Néanmoins, si une mention par les dirigeants du Groupe a conduit à des malentendus sur la durabilité du soja brésilien, nous nous en excusons sincèrement », ont ajouté les dirigeants.
Une lettre bien accueillie par le ministère de l’Agriculture brésilien qui y voit un changement de paradigme. « Il s’agit d’une nouvelle démonstration des bénéfices apportés par la conclusion des négociations sur l’accord Mercosur-Union européenne, avec le début d’une nouvelle phase prospère dans les relations entre les pays du bloc », juge-t-il.