Avec sa toiture suspendue à l'image de celle du Stade de France, le bâtiment d'Isabelle et Yves Chiffoleau, près de Nantes, dans la Loire-Atlantique, surprend par son esthétisme. C'est la première version concrète d'Innoval, un concept élaboré par la Sica d'habitat rural du Poitou. 38 prim'holsteins y logent depuis un an. «Nous avons pris de gros risques parce que nous manquions de références, mais notre travail est aujourd'hui moins pénible», témoignent Isabelle et Yves qui furent séduits par le concept du bâtiment à la présentation de la maquette dans «La France agricole» du 23 mai 2003.
Deux rangées de poteaux supplémentaires
Ce concept prévoyait une structure totalement suspendue par des tirants fixés sur une rangée de poteaux centraux. Les charpentiers, peu familiers de ce type d'ouvrage, ont préféré ajouter une rangée de poteaux intermédiaires en retrait des façades pour consolider l'édifice. Pour le reste, tout a été respecté. Les surfaces sont minimales, mais l'espace est bien organisé. L'aire d'exercice donne directement sur la salle de traite. Pas d'aire d'attente spécifique donc. A la sortie, les vaches arrivent sur l'espace réservé aux logettes. «Elles sont tellement confortables qu'elles se couchent tout de suite», soulignent Isabelle et Yves, qui sont parfois contraints de pousser les animaux jusqu'au cornadis pour qu'ils terminent leur ration.
Semi-creuses sur plancher en pin douglas, ces logettes protègent les vaches du froid et de l'humidité. La longrine en béton à l'arrière retient la litière. Cela conduit à une consommation de paille modeste, de l'ordre de 1,2 kg par vache et par jour. Yves l'épand une fois par semaine et le raclage est effectué deux ou trois fois par jour. Le lisier produit est toutefois un peu pailleux et nécessite un broyage avant épandage.
Un filet difficile à poser
«La longrine a cependant un inconvénient car elle retient les bouses et l'urine des vaches qui se couchent trop haut dans la logette. Avant chaque raclage, je dois les nettoyer. Il faudrait peut-être améliorer l'évacuation en perçant des trous dans la longrine», explique Yves.
Ces dernières ont été mises en place par le maçon, tandis que le sol de ces logettes, constitué de planches larges de 25 cm, a été installé par les éleveurs, comme le bardage, les cornadis et tubulaires ainsi que les filets brise-vent. Le plus long (31 mètres sur 3 mètres de haut) n'a pas été simple à installer sans l'aide d'un artisan qualifié. Le bardage arrière juste en dessous protège suffisamment les vaches du vent lorsqu'elles sont couchées dans les logettes.
Enfin, le Barthicq, matériau qui compose la toiture, apporte une bonne luminosité. Sa composition, un mélange de PVC et de sciure de bois avec un intérieur creux, offre aussi une isolation thermique appréciable supérieure aux couvertures de type bac en acier et plaques ondulées en Fibrociment. «Même s'il est un peu plus cher que les couvertures classiques, nous ne regrettons pas notre investissement», concluent Isabelle et Yves Chiffoleau.
Coût: 3.726 euros par placeCe bâtiment n'est pas aussi économique que l'avaient envisagé ses concepteurs de la Sica d'habitat rural du Poitou. «Son coût est proche de celui des stabulations classiques», précise Olivier Foisnon, qui suit les projets Innoval à la Sica du Poitou. Il dépend beaucoup de la part d'autoconstruction que sont prêts à consentir les éleveurs. Isabelle et Yves Chiffoleau l'évaluent à environ 168.000 euros pour 45 places, soit 3.726 euros par vache. Mais ce prix comprend le logement des vaches, la salle de traite, la nurserie, une infirmerie, une case de vêlage, un bureau et un local avec douche et toilettes. |
Le toit de l'étable paraît suspendu par des tirants. En réalité, le charpentier a préféré ajouter une rangée de poteaux intermédiaires en retrait des façades pour consolider la structure. L'évacuation des eaux pluviales est simplifiée grâce aux pentes inversées du toit. Elles peuvent s'écouler vers un chéneau central unique et des descendants d'eaux pluviales implantés entre les poteaux.
Le bardage arrière comprend une partie basse pleine en bois avec un filet brise-vent de 3 mètres. Lorsque les vaches sont couchées derrière le bardage, elles ne ressentent aucun courant d'air.
Le toit est en Barthicq. Comme pour les logettes, le vide au sein de sa structure lui procure des qualités d'isolant. Sa couleur blanche assure une bonne luminosité dans l'ensemble du bâtiment.
La salle de traite comprend un quai de huit postes en traite arrière. Les griffes et la pompe ont été récupérées dans l'ancienne installation. La place pour deux griffes supplémentaires est prévue de manière à gagner un quart d'heure sur le temps de traite.
Le lisier est stocké dans une fosse à géomembrane de 840 m3. Il est un peu trop pailleux et nécessite un broyage avant épandage.