La société Brite Solar, basée à Thessalonique, a développé une technologie agrivoltaïque innovante composée de panneaux semi-transparents recouverts de nanomatériaux qui optimisent la croissance des plantes. Commercialisé sous la marque Pane Power, le produit devrait être disponible sur le marché d’ici au début de 2025 et serait vendu principalement dans d’autres pays que la Grèce, dont la France.
Déplacer le spectre dans le rouge
La principale innovation du panneau est son revêtement de nanomatériaux qui sont appliqués sur les deux faces du verre. « Sur la face supérieure, le revêtement est antireflets et chasse l’eau, ce qui permet au panneau de capter autant de lumière solaire que possible. Sur la face inférieure, nous utilisons un revêtement qui absorbe le rayonnement UV — qui n’est pas utile aux plantes — et le déplace dans le spectre rouge qui peut être utilisé par les cultures pour les aider à pousser », déclare Nick Kanopoulos, président-directeur général de Brite Solar. En ciblant la plage de 600-650 nanomètres et en augmentant l’énergie disponible pour les plantes dans cette plage, les panneaux peuvent favoriser l’amélioration de l’accumulation de biomasse végétale, du rendement des cultures et de la santé globale des plantes.
« La plage spécifique de 600-650 nanomètres correspond à des longueurs d’onde où l’absorption de la chlorophylle est particulièrement efficace. Étant donné que la chlorophylle absorbe l’énergie lumineuse pour alimenter le processus photosynthétique, le fait de fournir davantage de photons dans la plage de longueurs d’onde où la chlorophylle est active peut entraîner une augmentation de l’activité photosynthétique. Des études ont montré que les taux de photosynthèse peuvent être améliorés de 4 à 8 % lorsque l’énergie dans cette longueur d’onde est augmentée », explique Nick Kanopoulos. La capacité du panneau à transformer la lumière du soleil en rayon rouge utile profite aux plantes, y compris lorsque les journées sont moins ensoleillées. « Dans des conditions d’ensoleillement réduites, les plantes cultivées sous le panneau reçoivent des quantités plus élevées de rayons utiles que si elles étaient en plein champ », ajoute-t-il.
40 euros par panneau
Les panneaux, qui mesurent 2 mètres et pèsent autour de 26 kilos, sont produits à un coût d’environ 40 euros. « Plus le panneau est transparent, moins le coût de production est élevé, car moins de cellules sont utilisées », explique Nick Kanopoulos. Jusqu’à présent, les panneaux sont fabriqués en Inde et en Chine, mais les fonds levés récemment vont permettre à Brite Solar de mettre en place une production dans la ville de Patras, dans le sud-ouest de la Grèce. « Nous prévoyons de produire environ 1,2 million de mètres carrés d’ici à la fin de 2024, ce qui permettrait, par exemple, de couvrir les toits d’une dizaine de serres industrielles d’environ 10 hectares chacune », explique Nick Kanopoulos. L’un des principaux avantages de la ligne de production sera sa capacité à s’adapter et à ajuster le niveau de transparence aux besoins des clients. « Notre objectif est de donner la priorité à l’agriculture plutôt qu’à la production d’énergie, c’est pourquoi nous avons conçu une production capable de livrer des panneaux de plusieurs niveaux de transparence. Nous pouvons ainsi gérer n’importe quelle taille de verre et n’importe quelle transparence de panneaux, ce qui est une première mondiale et nous donne un avantage concurrentiel significatif », déclare-t-il.
Des exigences réglementaires
Ronald Chalons, directeur de la chaîne d’approvisionnement chez Brite Solar à Paris, explique que les exigences réglementaires en France constituent un défi pour la croissance du photovoltaïque semi-transparent. « Pour les installations photovoltaïques de plus de 100 kilowatts, il existe un seuil en termes d’empreinte carbone des modules pour ceux qui souhaitent revendre l’électricité produite au réseau public. Pour les panneaux opaques, il est beaucoup plus facile d’atteindre un niveau inférieur de CO2 par watt d’électricité produit que pour les panneaux semi-transparents. Comme il est rare que les agriculteurs consomment eux-mêmes des niveaux élevés d’électricité, cela limite effectivement la vente des panneaux transparents sur le marché français. Jusqu’à présent, des essais ont montré que ce niveau de transparence fonctionnerait bien avec les légumes-feuilles et les fruits rouges, par exemple ».