Les variétés d’abricot Nelson cov et Madrigal cov sont étudiées dans un essai mené par la Sefra (1) et l’entreprise Sun’Agri dans la Drôme. Pour chaque variété, une parcelle sous panneaux solaires pilotés est comparée à une parcelle « témoin », sans panneaux. D’une durée de cinq ans, l’expérimentation a plusieurs objectifs : confirmer ou non les avantages attendus des panneaux solaires (prévention des risques de gel, réduction de l’irrigation…), étudier la corrélation entre le déficit de luminosité et les pertes de rendement, et optimiser le pilotage des panneaux pour minimiser ou supprimer ces pertes. « Après deux années d’expérimentation, nous avons déjà un aperçu intéressant », rapporte Christophe Chamet, responsable du programme abricot à la Sefra.
Économies d’eau
En 2023, les vergers sous panneaux ont moins eu besoin d’être arrosés que les vergers témoins. De –40 %, la réduction d’irrigation est significative. « De telles économies d’eau seraient particulièrement appréciées dans des territoires soumis à la sécheresse comme les Pyrénées-Orientales », observe Christophe Chamet. L’agronome envisage même la possibilité d’irriguer encore moins. Pour s’en assurer, il devra évaluer plus précisément l’état hydrique des arbres à l’aide de dendromètres.
Par ailleurs, des relevés de températures réalisés par Sun’Agri dans les bourgeons en période de gel ont montré jusqu’à 2°C de plus dans les vergers sous panneaux solaires, ce qui permettrait aux abricotiers de mieux résister au gel. Ces résultats devront toutefois être confirmés dans les prochaines années.
L’enjeu des rendements
En première et deuxième années de production, les abricotiers des deux variétés étaient tout aussi vigoureux dans les parcelles sous panneaux et témoins, avec des circonférences de troncs similaires. Une floraison un peu inférieure a été constatée sous les panneaux en 2024, probablement due à un scénario de pilotage ayant induit un manque de luminosité au moment de l’induction florale.

Une perte de rendement de quelques tonnes par hectare a été observée en 2023 dans le verger sous panneaux par rapport au témoin pour la variété Nelson, qui s’explique par la présence de fruits de plus petits calibres. Pour la variété Madrigal, en revanche, les tonnages étaient comparables. « Mais il est trop tôt pour en tirer des conclusions, car il ne s’agit que de la deuxième année après plantation », rappelle Nathanaël Kasriel, directeur adjoint de Sun’Agri.
Dans l’objectif de préserver les rendements, voire à terme de les améliorer, le pilotage des panneaux a été optimisé en 2024 pour mieux tenir compte des besoins de l’arbre selon son stade de croissance. Un objectif réaliste, d’après Sun’Agri, qui a constaté en 2023 des augmentations de rendements sous panneaux dans d’autres types de cultures : de +10 à +45 % en viticulture, +23 % en aubergine, +9 % en tomates… Les prochaines années seront déterminantes pour faire avancer la technologie de pilotage des panneaux solaires afin de sécuriser les rendements des producteurs d’abricots.
(1) Station d’expérimentation fruits Auvergne-Rhône-Alpes.