La loi de mars 2023 relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables (AER) donne pour la première fois en France une définition de l’agrivoltaïsme. « L’objectif est de garantir le maintien de l’activité agricole grâce à un cadre réglementaire clair et décliné sous forme de décrets d’application », a rappelé l’Institut de l’élevage (Idele) lors d’une conférence au Space, le 14 septembre 2023.
Une adaptation nécessaire en élevage bovin
L’ergonomie des projets agrivoltaïques est importante et doit se réfléchir en amont comme la place des points d’abreuvement et d’affouragement, la hauteur des panneaux ou l’écart entre les rangées. Si le développement de l’agrivoltaïsme en élevage ovin n’est plus un secret, l’Idele souhaite le voir se décliner en élevage bovin, même si c’est beaucoup plus complexe à mettre en place.
Une installation type que l’on peut trouver en élevage ovin n’est pas du tout adaptée à l’élevage de bovins. Il est nécessaire par exemple de surélever la structure, ce qui pose le problème de la prise au vent, ou d’adopter des structures plus massives pour prendre en compte la force des animaux. Cela implique des pieux ancrés plus profondément dans le sol alors que les futurs décrets d’application doivent s’articuler avec le zéro artificialisation nette.
Il est difficile de concilier tous ces éléments et les investissements réalisés par les énergéticiens sont beaucoup plus lourds en bovin qu’en ovin. Toutes ces interrogations sur le fonctionnement d’une centrale solaire couplée à un élevage bovin ont amené à la naissance d’un partenariat entre divers acteurs, et notamment l’Idele et le groupe Qair, producteur indépendant d’électricité et d’hydrogène vert.
À l’essai sur une ferme expérimentale
À l’occasion du Salon international de l’agriculture de 2023, en présence de la Première ministre, Élisabeth Borne, et du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, le groupe Qair a présenté le projet expérimental Solélab. Il s’agit d’un laboratoire agrivoltaïque en polyculture-bovin lait situé à Ménil-Erreux (Orne) dont l’ambition est de déployer cinq technologies pour rechercher la structure la plus adaptée au modèle normand.
Le but est également de favoriser la pousse de l’herbe sous les panneaux, protéger les élevages et les grandes cultures des aléas climatiques et empêcher la prédation. D’une puissance totale d’environ 950 kWc, ce projet a été lancé à l’automne 2021. Sa mise en œuvre opérationnelle est prévue au printemps 2024 pour un coût global de l’ordre de 1,8 million d’euros.
Une définition de l’agrivoltaïsme
Concrètement, une installation agrivoltaïque est composée d’une centrale solaire qui est couplée à une production agricole. Pour être considérée comme telle, il faut que l’activité agricole soit l’activité principale de la parcelle exploitée, l’installation réversible et garantir à un agriculteur actif une production agricole et un revenu durable.
Par ailleurs, il faut impérativement que les panneaux solaires apportent directement à la parcelle agricole au moins l’un des services suivants :
- L’amélioration du potentiel et de l’impact agronomiques ;
- L’adaptation au changement climatique ;
- La protection contre les aléas ;
- L’amélioration du bien-être animal.
Pour l’Idele, de nombreuses productions agricoles peuvent donc prétendre à des projets agrivoltaïques. C’est pourquoi l’institut souhaite enrichir ses connaissances techniques, notamment concernant les impacts des panneaux solaires sur l’activité agricole (agronomiques, zootechniques, économiques…) afin d’accompagner les développeurs de centrales photovoltaïques.
Le cadre réglementaire de l’agrivoltaïsme se précise (08/08/2023)