La question énergétique est sur toutes les bouches alors que les prix s'envolent et que les conséquences du changement climatique se font sentir. Dans ce contexte, le Syndicat des énergies renouvelables tenait son 23e colloque ce jeudi 29 septembre 2022, à Paris. Les énergéticiens et les politiques présents ont mis en avant la nécessité de passer la seconde sur le développement des énergies vertes.

Une fois ce constat partagé, il apparaît plus difficile d'être consensuel sur les politiques à mettre en place pour mener à bien cette transition. Le projet de loi pour l'accélération des renouvelables, présenté la semaine dernière par le gouvernement, soulève des questions. La simplification évoquée fait craindre à certains des reculs environnementaux. L'éolien terrestre et la méthanisation sont les grands oubliés de ce projet, qui n'évoque que l'éolien en mer et la mobilisation de foncier pour le solaire.

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L'agrivoltaïsme au cœur du débat

Sur la question épineuse du foncier photovoltaïque, les terres agricoles sont évoquées. Encore inconnu il y a quelques années, l'agrivoltaïsme se fraye une place de plus en plus importante dans les échanges. Arnaud Gaillot, président des Jeunes Agriculteurs, était d'ailleurs invité d'une des tables rondes du colloque. Le syndicat agricole a demandé quelques jours plus tôt un moratoire à ce sujet. « Nous ne sommes pas contre l'agrivoltaïsme, mais il y a besoin d'un cadre pour éviter les dérives », a souligné le représentant syndical.

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Il a notamment évoqué la question du prix du foncier, de la transmission des exploitations et d'un besoin de définition claire. Le nœud du problème a cependant été pointé du doigt par Arnaud Gaillot : la diversité des territoires et des productions agricoles en France. En marge de l'événement, la FNSEA a fait savoir dans un communiqué de presse qu'elle demandait également une définition et un encadrement contraignant de l'agrivoltaïsme.

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Quelle place pour la méthanisation ?

Le biogaz a aussi été évoqué à l'occasion du rendez-vous annuel du Ser. Laurence Poirier-Dietz, directrice de GRDF (Gaz réseau distribution France) a ainsi rappelé la complémentarité du biométhane, stockable, avec les énergies renouvelables électriques. Elle a rappelé les 9 000 emplois que représentait la méthanisation en France et appelé à des mesures pour poursuivre ce développement. « Les carnets de commandes sont pleins jusqu'en 2024, mais après cela il n'y a aucune visibilité, et la filière en a besoin. »

Dans son communiqué, la FNSEA regrette également l'absence de mesures spécifiques à la production de biogaz.

Manque de moyens

Les mesures actuellement présentes dans le projet de loi relèvent pour l'instant de l'effet d'annonce mais ne demandent qu'à être complétées par des amendements lors des discussions parlementaires autour de ce texte, attendues à la fin du mois d'octobre. Les quelques simplifications évoquées pourront faire gagner quelques mois dans le développement des projets.

Mais le compte n'y est pas, par rapport aux délais de plusieurs années que prennent les projets en France par rapport aux pays voisins. Il faudra des moyens dans les services de l'État pour que le volet administratif des projets accélère réellement. Ce sujet sera plutôt l'objet du projet de loi de finances pour 2023 qui sera également débattu dans les prochaines semaines.