« Le glyphosate n’est pas un herbicide comme un autre », rapporte cette enquête réalisée via un questionnaire en ligne, dont les résultats, publiés le 17 avril 2019, synthétisent les réponses de 7677 agriculteurs. 94,8 % sont des utilisateurs du glyphosate. Les exploitations concernées sont majoritairement en grandes cultures (70 %) puis en polyculture-élevage (27 %).

Qui sont les utilisateurs ?

Les agriculteurs en système labouré, bénéficiant de l’effet de désherbage du travail du sol, sont des utilisateurs « ponctuels » (en fréquence) et « sur des surfaces limitées », indiquent les résultats. Les doses utilisées sur ces parties sont plus élevées, de 1 à 3 l/ha sur des adventices annuelles, et jusqu’à 5 l/ha sur des vivaces.

 

L’autre grand type de profil d’utilisateur de glyphosate identifié par les instituts techniques est l’exploitation en semis simplifié, voire semis direct (agriculture de conservation), « qui utilise le glyphosate régulièrement (tous les ans), sur toute la surface de l’exploitation, mais à dose limitée (environ 1 l/ha) ».

Un usage raisonné

La dose moyenne pour les utilisateurs est de 2,15 l/ha. Pour rappel, les doses homologuées varient de 3 à 7 l/ha suivant la cible. L’enquête conclut « une utilisation raisonnée du glyphosate, quel que soit le profil de l’agriculteur » et « que lorsque cela est nécessaire. »

 

70 % des agriculteurs interrogés utilisent le glyphosate en interculture, pour lutter contre les adventices, les repousses de cultures et les vivaces. « Son coût modéré (environ 3,5 €/l) le rend extrêmement compétitif, par rapport à d’autres opérations », souligne le rapport d’enquête.

Des inquiétudes et des impasses

Plus des trois quarts des agriculteurs (77,5 %) n’ont pas identifié d’alternatives au glyphosate. « Le recours au travail du sol est la méthode qui revient le plus fréquemment parmi les solutions, explique le rapport. Les non-utilisateurs plébiscitent la combinaison de leviers et notamment les faux-semis, couverts en interculture, travail profond et allongement des rotations. » Les systèmes en agriculture de conservation s‘ inquiètent d’un retour en arrière.

 

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Environ 70 % des répondants estiment devoir se rééquiper, « y compris ceux qui pratiquent déjà le labour » pour une mise en œuvre de travail du sol supplémentaire, qui engendrera des coûts et charges plus élevés. L’augmentation de la consommation de carburant et le mauvais bilan carbone occasionnés par le retrait de la molécule font partie des préoccupations des agriculteurs, avec des craintes agronomiques (érosion…), organisationnelles (capacité à travailler toute la surface…), économiques et environnementales.

« Une rupture qui n’a pas pu être anticipée »

« La balance bénéfice/risque de ce retrait n’a pas été mise en évidence », conclut le rapport. Les agriculteurs soulèvent les incohérences de cette décision, comme « les objectifs nationaux de réduction du CO2, en opposition avec une réintensification du travail du sol ».

 

L’interdiction du glyphosate « provoquera une rupture qui n’a pas pu être anticipée et dont les conséquences sont majeures pour les exploitations utilisatrices : surcoûts directs dont le rééquipement, charges de travail, jours disponibles, consommation énergétique, impacts environnements directs, retour arrière pour les exploitations sans labour, risques sanitaires… »