Une équipe de chercheurs du CNRS, de l’Inra et de La Rochelle Université vient de montrer pour la première fois que l’agriculture biologique profite aux colonies d’abeilles mellifères, en particulier pendant la période de disette alimentaire à la fin du printemps. Cette étude est parue dans Journal of Applied Ecology le 26 juin 2019.
Les abeilles se nourrissent exclusivement de nectar et de pollen et souffrent donc de la faible disponibilité en fleurs en mai et juin entre les périodes de floraison du colza et du tournesol. Au cours de cette période, la collecte de pollen, la production de miel et la croissance des colonies diminuent.
Six ans de recul
Les parcelles cultivées en agriculture biologique offriraient aux abeilles domestiques plus de ressources, notamment par la présence d’adventices, notamment. Les chercheurs ont trouvé jusqu’à 37 % de couvain, 20 % d’abeilles adultes et 53 % de miel supplémentaire dans les colonies entourées de parcelles agricoles biologiques par rapport aux colonies situées dans des paysages agricoles conventionnels, en examinant durant six ans près de 180 ruches dans le centre-ouest de la France.
La présence de parcelles en agriculture biologique peut produire différents effets. « L’augmentation de la production de couvain destiné à devenir des ouvrières peut être due à une plus grande diversité de ressources en pollen et à une diminution de la mortalité due aux pesticides à l’échelle locale », suggère l’étude. Les réserves en miel peuvent augmenter en raison de la disponibilité accrue de fleurs mellifères à une plus grande échelle spatiale, qui correspond à celle où les abeilles cherchent des ressources (entre 1 et 3 km en zones de grandes cultures).
Dispositif Ecobee
Le communiqué rappelle que cette étude a été rendue possible grâce au dispositif unique de suivi des colonies d’abeilles Ecobee (Inra/CNRS). Ce dernier permet chaque année de mesurer l’effet des pratiques agricoles dans des conditions réelles sur 50 ruches expérimentales dans le sud-ouest de la France.
Des recherches antérieures menées par la même équipe montraient que la baisse de la production de couvains d’ouvrières au cours de la période où les fleurs sont rares conduisait à une diminution de la survie des colonies en hiver.