Le Gaec du Pichet, situé à Norroy-sur-Vair, dans les Vosges, s’est converti à l’agriculture biologique il y a quatre ans. « Un tiers de l’exploitation est dans la zone Agrivair (1). Alors, pour lisser nos pratiques sur la totalité, nous avons choisi la conversion », explique Mathieu Laurent, un des quatre associés. Dans cette structure de 300 hectares, dont 150 ha de prairies permanentes, le troupeau lait est de 120 têtes, et l’atelier viande de 30 mères allaitantes et leur suite. Agréée ferme pédagogique, l’exploitation accueille de nombreuses classes pendant la période de mai-juin, là où la charge de travail est déjà lourde dans les champs.
Le maïs représente 20 ha. « Avant la conversion, nous faisions du maïs épi en conventionnel, ce qui remplaçait le concentré, explique Bruno, le frère de Mathieu. Depuis que nous sommes passés au bio, nous ne cherchons plus les performances techniques en production laitière. Nous sommes passés de 28 à 18 litres par vache et par jour. Notre stratégie a changé, et nous visons l’autonomie. Le maïs ensilage rentre dans cette démarche. »
Cependant, en matière de désherbage, c’est une culture exigeante en temps, puisque tout est mécanique. « Il nous faut faire en moyenne cinq passages de tracteur après les semis : herse étrille – deux ou trois fois –, houe rotative, un à trois passages de bineuse », ajoute Mathieu. La herse étrille est passée bien avant la levée pour les mauvaises herbes, encore au stade plantule. La houe permet également d’écroûter la terre, elle est intéressante contre les phénomènes de battance. La bineuse est indispensable pour les cultures en ligne. En revanche, ces trois outils doivent être utilisés sur sol ressuyé. Il est souvent impossible de les employer à l’automne sur les céréales.
Semis tardifs
La houe rotative et la bineuse appartiennent au Gaec, la herse étrille est la propriété d’Agrivair. Les adventices les plus fréquentes sont les chénopodes, qui poussent sur le rang et, surtout, aussi haut que les maïs. En année sèche, le liseron devient également envahissant. « Pour limiter les chénopodes, la solution reste la herse étrille, mais nous misons plutôt sur la rotation, explique Mathieu. Le problème des cultures de printemps, c’est que tout pousse, y compris les mauvaises herbes. C’est encore plus vrai pour les cultures tardives comme le maïs, qui est semé entre le 1er et le 15 mai. Nous nous posons la question de le continuer, en raison des contraintes de temps passé et de main-d’œuvre. Nous allons probablement l’abandonner au profit des prairies temporaires, sur lesquelles on peut espérer faire trois coupes. Ou par du méteil, si la prairie ne se développe pas bien. »
Dominique Péronne
(1) Agrivair est la filiale de Nestlé Water, propriétaire de la source de Vittel, qui gère le périmètre de protection de cette source. Les agriculteurs inclus dans ce périmètre suivent un cahier des charges précis : zéro phytos, une UGB maxi/ha, pas de maïs, 65 unités d’azote/ha maximum.