Le blé tendre est la principale céréale de grandes cultures bio cultivée (80 000 ha en 2017) et collectée (36 % des volumes de céréales). Alors que ses rendements en bio sont en moyenne deux fois moindres comparés à ceux en conventionnel, les prix payés aux producteurs sont, quant à eux, supérieurs, et échappent à la volatilité mondiale.

Dans sa dernière enquête publiée, FranceAgriMer estimait ainsi que le différentiel de prix entre les deux modes de cultures s’avérait de 154 % pour la campagne 2015-2016, avec un prix du blé meunier bio de 373 €/t (prix producteur).

La meunerie demeure, avec la fabrication d’aliments pour bétail, l’un des deux marchés majeurs des céréales biologiques. Et elle a vu ses volumes croître de plus de 15 % par an dernièrement, avec une utilisation du blé qui a quasiment doublé en cinq ans, passant de 85 000 t pour la campagne 2012-2013 à une estimation de 168 000 t pour 2018-2019. Or, le plan Ambition bio 2022, révélé le 25 juin 2018 par le ministre de l’Agriculture, prévoit que 20 % d’aliments bio soient proposés dans les cantines scolaires d’ici à 2022. Une annonce de nature à soutenir davantage les débouchés en meunerie bio, puisque les trois quarts du pain bio vendu en restauration hors foyer (RHF) sont écoulés en restauration collective.

Besoins à l’importation

« Le consommateur désire aujourd’hui que 100 % des produits bio qu’il consomme soient d’origine française », a toutefois rappelé le 22 janvier dernier au cours des 2es rencontres des grandes cultures bio, Olivier Deseine, meunier bio aux moulins de Brasseuil (Yvelines), qui siège par ailleurs à la commission bio à l’ANMF (1). Pourtant, la France n’est toujours pas autosuffisante en blé meunier bio. En effet, si la sole générale consacrée au bio progresse régulièrement avec un doublement en cinq ans, la demande évolue plus vite que la production française. Cette dernière reste très tributaire des aléas climatiques. Mais dans ce contexte, les importations de céréales bien qu’en baisse, restent toujours nécessaires. Elles ont ainsi représenté 33 % des volumes de blé en 2017-2018, essentiellement en provenance de l’Union européenne.

Taux de protéine abaissé

« Pendant longtemps, faute d’un taux de protéines suffisant, on travaillait de grosses boules de pain bio, et on ne fabriquait pas de baguette bio. Ce n’est plus le cas actuellement, a décrit Olivier Deseine. Il y a en effet eu récemment une belle évolution avec désormais des blés de bonne qualité boulangère. Néanmoins, sur certaines campagnes, on obtient très facilement les 11 % de protéines alors que sur d’autres, c’est parfois difficile à atteindre. »

C’est la raison pour laquelle, afin d’éviter que les agriculteurs se reportent sur d’autres céréales que le blé, cette année, la meunerie, en accord avec la commission bio, devrait baisser le taux de protéines obligatoire de 11 à 10,5 %.

Céline Fricotté

 

(1) Association nationale de la meunerie française.