Face aux résistances et à la réduction des leviers chimiques de désherbage, l’atelier organisé par le réseau des Cuma au Mécalive du 16 mai 2024 à Beuzevillette (Seine-Maritime) proposait une combinaison des leviers. Des pratiques favorables aux auxiliaires de culture jusqu’à la modification de la rotation, les options disponibles sont plus ou moins coûteuses et radicales.

« Le réseau R4P (1) souligne une progression des résistances, note Guillaume Beauer, chargé de projet en grandes cultures économes au sein du réseau des Civam normands. Fréquentes face aux sulfonylurées, celles du ray-grass sont apparues plus récemment en réponse au prosulfocarbe et flufenacet. » Ce phénomène est accentué par le faible nombre de molécules disponibles et les réductions de doses. Il incite donc à combiner les leviers de lutte pour éviter la multiplication des problèmes. Le premier étant la reconnaissance précise des espèces.

+ 20 % d’efficacité avec un binage

Alexis Villeneuve, conseiller référent en grandes cultures de Littoral Normand (2), confirme que « les herbicides seuls vont devenir insuffisants, ce qui incite à anticiper en limitant la levée et le salissement ». Il souligne le rôle des auxiliaires de culture pour maîtriser le stock de semences. Ces populations sont notamment favorisées par les bandes enherbées ou fleuries en bordure de parcelles, qui leur offrent un refuge toute l’année. De même, la réduction du travail du sol limite leur mortalité.

Alexis Villeneuve ajoute que « la diversification de la rotation évite la sélection des adventices. Puis, un labour pratiqué tous les quatre ou cinq ans s’avère très efficace sur toutes les graminées, dont le taux annuel de décroissance (3) est très élevé ». L’expert incite en outre à ajuster la fertilisation car l’azote qui n’est pas utilisé par la culture est disponible pour les adventices.

« Il est possible d’utiliser le désherbage mécanique sur quasi toutes les cultures, mais il convient d’anticiper des pertes jusqu’à 10 % par passage suivant les outils », complète Romain Osmont, de la chambre d’agriculture de la Normandie. Il note que l’efficacité de la herse étrille est accrue sur les graminées indésirables cinq à six jours après le semis.

Par ailleurs, « on obtient au moins 20 % d’efficacité supplémentaire dans nos essais en ajoutant un binage à un désherbage chimique en pré- ou postsemis », relève le conseiller en cultures. Toutefois, deux précautions s’imposent quelle que soit l’option de désherbage mécanique retenue : une absence de pluie au moins deux jours avant et trois jours après, ainsi qu’une intervention sur des adventices jeunes.

Dernier levier en fin de cycle de la culture, les broyeurs de graines d’adventices sur les moissonneuses donnent aussi des résultats intéressants.

(1) Réseau de réflexion et de recherches sur les résistances aux pesticides.

(2) Association de conseil en élevage et contrôle de performance des départements du Calvados, de la Manche, de l’Eure et de la Seine-Maritime.

(3) Proportion de graines perdant leurs facultés germinatives sur une année.