Fils de céréalier en Seine-et-Marne, Romain a réalisé presque toute sa machine sur l’exploitation familiale. C’est en tant qu’ouvrier agricole chez MM. Solvet et Driot, qu’il commence à travailler sur le concept d’écimage. Il réalise son premier prototype sur la base d’une rampe de pulvérisation Pommier en 2015. Montée à l’avant d’un tracteur, elle était déjà équipée d’un lamier à section.
Un problème de résistance
Lorsqu’il revient sur la ferme familiale en tant que salarié, Romain poursuit ses réalisations. « Aujourd’hui, les graminées résistantes sont de plus en plus compliquées à gérer », explique-t-il. C’est l’un des principaux facteurs qui l’a poussé à développer des écimeuses.
Dans l’atelier de l’exploitation, il se lance un nouveau pari. « Je voulais que la machine récupère ce qui est coupé. Avec une écimeuse classique, il faut passer plusieurs fois, dès que les adventices dépassent et avant que les graines ne salissent la parcelle. En récupérant les épis écimés, on ne passe que lorsque les graines sont viables, c’est-à-dire le plus tard possible, afin de couper le maximum d’adventices en une seule fois. » En plus de l’exploitation familiale, Romain réalise quelques prestations extérieures avec sa machine.
Des choix technologiques différents
En 2018, il se lance dans cette réalisation. Sans plan, le jeune homme construit tout de tête. Six mois sont nécessaires. Cette nouvelle machine travaille sur 18 mètres de largeur. « L’idée de départ était de rouler, une fois sur deux, dans les passages du pulvérisateur lorsqu’il est en 36 m. »
La plupart des machines fonctionnent avec des couteaux, comme une faucheuse. Celle de Romain s’apparente plutôt à une coupe à tapis de moissonneuse-batteuse. Elle est composée d’un lamier à section à doubles lames sans doigts. « J’ai préféré ce système afin d’augmenter le pouvoir coupant ainsi que la précision, car il est amené à sectionner des tiges parfois vertes et dures », précise Romain. Un rabatteur à 3 pales prend place au-dessus du lamier pour y accompagner les adventices. Derrière, un tapis roulant conduit la matière vers le centre de la machine. Le flux est ensuite dirigé, via un second tapis roulant, dans une trémie située à l’arrière. D’une capacité de 6 m3, elle a été réalisée en aluminium pour alléger le poids total de l’écimeuse. Une fois pleine, deux vérins basculent la caisse comme une benne agricole. Selon la quantité d’adventices, la trémie peut vite se remplir, limitant ainsi le débit de chantier de l’ensemble.
100 % hydraulique
La machine, composée de plus d’une dizaine de vérins, de plusieurs moteurs hydrauliques et de 125 m de flexibles, est animée hydrauliquement et nécessite 30 ch. « J’ajuste facilement les vitesses des différents organes grâce à des potentiomètres. »
Pour assurer un suivi régulier de la hauteur sur les 18 mètres de la coupe, une roue prend place à chacune de ses extrémités. Elles sont pilotées par un vérin. La hauteur de coupe est également ajustable par rapport au châssis. Le tout est dirigé depuis la cabine avec un petit boîtier.
Plutôt concluante, cette machine devrait être industrialisée en partenariat avec la société Zurn.
Texte et photos Pierre Peeters