Dans les principaux bassins exportateurs, « le manque de dynamisme de la production laitière devrait soutenir les cours pendant les prochains mois », estime Benoît Rouyer, économiste au Cniel.
« La production laitière s’avère peu dynamique dans les grands bassins exportateurs mondiaux. Sur les huit premiers mois de l’année 2019, elle est quasiment stable au sein de l’Union européenne, aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande », rapporte Benoît Rouyer, économiste à l’interprofession laitière, dans son point de conjoncture mensuel publié ce 23 octobre 2019.
La collecte française a rebondi
En France, la collecte « s’est redressée modérément à partir du mois d’août 2019, mais cette tendance s’est interrompue au cours de la première semaine du mois d’octobre à la suite des incidents survenus à l’usine Lubrizol de Rouen », poursuit Benoît Rouyer. Selon l’Institut de l’élevage (Idele), « 14 000 t de lait de vache ont été écartés du circuit alimentaire, soit l’équivalent de 1 % de la collecte nationale pendant 20 jours ou 0,2 % sur un trimestre ». Pour autant, la production laitière française pourrait progresser « de 1 à 2 % au quatrième trimestre 2019 ».
Si les cours des ingrédients restent bien orientés, « le marché des produits laitiers industriels présente actuellement un bilan contrasté entre le beurre et la poudre de lait écrémé, analyse Benoît Rouyer. Le prix du beurre diminue en effet depuis plus d’un an. Il se situe actuellement autour de 3 750 € la tonne, ce qui correspond au niveau moyen des cours enregistrés au cours des dix dernières années. »
Du côté des protéines, « le prix de la poudre de lait écrémé augmente régulièrement depuis le printemps 2018. Il se situe aujourd’hui 650 € au-dessus du seuil d’intervention. » Fin septembre, la cotation française s’élevait à 2 250 €/t soit « 36 % au-dessus de son niveau de 2018 et 23 % au-dessus de celui du début de l’année », précise l’Idele. Selon Gérard Calbrix, directeur des affaires économiques à l’Association de la transformation laitière française (Atla), « les stocks privés pourraient devenir anormalement bas en fin d’année ».
Dans ce contexte, « le prix du lait payé aux éleveurs pourrait se stabiliser cet automne, malgré des indices saisonniers moins favorables, grâce au redressement régulier des cours des protéines laitières », avance l’Idele. En août, le prix standard du lait de vache conventionnel était de 344 €/1 000 l, selon FranceAgriMer, soit « 10 € au-dessus de l’année précédente », indique Benoît Rouyer.
V. Gu.
L’incertitude du Brexit inquiète les marchés
« Le Brexit et la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis entretiennent un climat d’incertitude qui pèse sur les marchés », assure Benoît Rouyer, économiste au Cniel.
Risque d’encombrement
Une sortie sans accord du Royaume-Uni de l’Union européenne pourrait pénaliser les industriels français. « Nous y vendons essentiellement des produits de grande consommation à forte valeur ajoutée, comme des fromages à pâte molle ou des yaourts, souligne Gérard Calbrix, d’Atla. Par ailleurs, l’Irlande exporte d’importants volumes de cheddar et de beurre au Royaume-Uni, qui pourraient alors encombrer le marché communautaire. »