Marché des grains
La hausse continue puis s’essouffle en fin de semaine
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Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des céréales, oléagineux et protéagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.
Les prix des céréales et des oléagineux ont encore grimpé au début de la semaine en France et sur le marché mondial avant de s’essouffler depuis le jeudi 7 janvier 2021 après des prises de profits et un certain apaisement en Argentine avec la fin de la grève des inspecteurs portuaires et le retour à la discussion du gouvernement concernant les exportations de maïs.
Forte hausse puis affaissement des prix du blé
Les prix du blé sur le marché français ont de nouveau progressé cette semaine, de concert avec les autres valeurs mondiales. Rendu Rouen, le blé s’affiche à 215,25 €/t (base juillet), en hausse d’un peu plus de 3 €/t par rapport au niveau du 29 décembre. Sur Euronext, les prix ont gagné 3,5 €/t par rapport à la fin de décembre 2020, à 214,75 €/t le 8 janvier 2021 en milieu d’après-midi pour l’échéance de mars. Les cotations de cette échéance ont touché 219 €/t le mercredi 6 janvier 2021 avant de redescendre légèrement depuis le jeudi 7 janvier 2021
Faisant suite à cette évolution, le blé français a gagné 6 $/t sur le marché mondial, à 277 $/t Fob. Il est tiré par les blés russes et US qui se sont appréciés de plus de 10 $/t depuis la fin de décembre. Les prix ont augmenté un peu plus modérément au départ de l’Argentine (+4 $/t) avec une petite amélioration de l’estimation de la récolte en cours par la Bourse de Buenos Aires qui a remonté légèrement son estimation (17 millions de tonnes au lieu de 16,8 précédemment).
Le marché mondial du blé reste sous tension à cause des taxes russes qui s’appliqueront à partir de la mi-février, des faibles disponibilités en Europe et de la forte réduction des stocks de maïs en fin de campagne. Toutefois, les prix du blé se sont quand même légèrement affaissés ces deux derniers jours à la suite de prises de bénéfices après les niveaux élevés atteints au début de la semaine (plus haut niveau depuis 6 ans du blé US SRW à Chicago).
En Europe, le fait que l’Algérie semble n’avoir acheté qu’un petit volume la semaine dernière (300 000 tonnes seulement) a aussi contribué à modérer la hausse des prix. De son côté, l’Éthiopie a finalement annulé un gros achat de 600 000 tonnes qui avait bouclé en novembre ; la Jordanie vient de lancer un appel d’offres pour 120 000 tonnes de blé mais cela sera pour un chargement en nouvelle campagne. Actuellement, le marché de la mer Noire est en période des vacances du Noël orthodoxe et cela laisse les autres origines prudentes en attendant la reprise.
L’orge à contre-courant
Après une augmentation de ses prix au début de la semaine, l’orge fourragère a perdu du terrain au cours des deux derniers jours. Rendu Rouen, elle vaut maintenant 195,25 €/t, soit 3 €/t de moins qu’à la fin de décembre (en base juillet). Son prix s’affaisse de 3 $/t sur le marché mondial en raison de la prise de profits observée en blé et en maïs en fin de semaine.
Toutefois, il est intéressant de constater que 100 000 tonnes d’orge sont parties vers la Chine cette semaine au départ de la France et qu’un bateau de 40 000 tonnes est attendu au départ ce week-end.
Dans les semaines à venir, les prix devraient être tiraillés entre plusieurs facteurs. La demande chinoise et les faibles stocks attendus en France en fin de campagne sont des facteurs de soutien pour les prix. En revanche, avec la clarification des règles douanières entre l’Union européenne (UE) et le Royaume-Uni, les exportations d’orges anglaises vers les autres membres de l’UE devraient s’amplifier et cela est plutôt un facteur de modération des prix.
Statut quo sur le créneau brassicole.
Le maïs encore plus haut
Le maïs a poursuivi sa hausse cette semaine : Fob Rhin, les prix gagnent 4,5 €/t (base juillet) à 209,5 €/t et la progression en encore plus marquée sur la façade atlantique à 204 €/t (+6 €/t).
Sur le marché mondial, les maïs français ont gagné 6 $/t (à 258 $/t Fob Bordeaux) alors que les autres origines s’appréciaient plus fortement encore, de 9 $/t pour les maïs ukrainiens à +13 $/t pour les maïs brésiliens. Les inquiétudes concernant les récoltes en Amérique du Sud, renforcées par la sécheresse annoncée de janvier et la poursuite des flux d’exportation vers la Chine au départ des États-Unis (USA) (comme en attestent les statistiques US) soutiennent les prix.
Un léger relâchement se faisait cependant sentir à la fin de la semaine en raison de la fin de la grève des inspecteurs portuaires dans le port de Rosario faisant suite à un accord avec le gouvernement.
Par ailleurs, le gouvernement argentin laissait entendre hier qu’il pourrait revoir sa décision d’interdire les exportations argentines (jusqu’à la fin de février) à la suite des discussions qu’il a tenues cette semaine avec le ministre de l’agriculture et les principales associations agricoles du pays.
Ces événements en Argentine et les prises de profits des investisseurs après les hauts niveaux atteints au début de la semaine, sont, comme en blé, venus modérer les prix ces derniers jours.
Le soja US atteint 500 $/t
L’envolée des prix du soja ne faiblit pas. Avec une hausse de 25 $/t sur la semaine, entre le 29 décembre 2020 et le 7 janvier 2021, le soja grimpe à un niveau qui n’avait pas été vu depuis plusieurs années. Il a ainsi augmenté de 71 $/t sur un mois !
Les causes en sont toujours les mêmes : une forte pénurie actuellement sur le marché mondial, où les disponibilités sont faibles, et une forte demande chinoise. Le Brésil n’a plus de stock à exporter, et l’Argentine est peu présente sur le marché, les offres étant perturbées par des grèves dans certains ports argentins. Mais surtout, c’est le climat qui fait craindre des pertes potentielles sur la moisson de 2021. Même si un temps un peu plus favorable a permis aux semis de progresser en Argentine de presque 6 points sur une semaine à 93,5 %, des pertes de surfaces et des dommages sur certaines parcelles semblent irrémédiables.
Le prix du soja est par ailleurs soutenu par une forte hausse des cours de l’huile de soja, elle-même soutenue par une progression des prix de l’huile de palme sur le marché mondial. Cette dernière voit son prix grimper en raison de la diminution des stocks chez les principaux producteurs de l’Asie du Sud-Est, où la production souffre de conditions climatiques peu propices (inondations en Malaisie) et où le manque de travailleurs dans les palmeraies affecte les rendements.
La hausse du cours du pétrole, sous l’impulsion d’une réduction de la production saoudienne de brut, a aussi soutenu les prix des huiles et du soja cette semaine. Le déploiement des campagnes de vaccination contre le Covid-19 sur l’ensemble de la planète fait aussi remonter les marchés, dopant les perspectives de demande en huiles végétales sur les mois à venir.
Toutefois, sur les prochaines semaines, si les précipitations sont correctes en Amérique latine, les prix du soja pourraient rapidement dégonfler. Les prévisions sur les trois premières semaines de janvier impliquent des pluies cumulées de 50 à 200 mm, ce qui serait bénéfique pour les cultures, même si le cumul serait inférieur à la normale dans l’est de l’Argentine et dans une partie du Mato Grosso.
Ces prévisions de retour des pluies ont d’ailleurs fait diminuer un peu les prix du soja sur la fin de la semaine, de même que des prises de profits par des opérateurs des marchés, ainsi que quelques annulations d’achats de sojas US par des acheteurs chinois.
Le tourteau de soja flambe également
À la suite du soja, les offres en tourteau de soja à Montoir sont à 457 €/t, au plus haut depuis 2014, en hausse de 13 €/t sur la semaine. Avec une telle augmentation, le tourteau de soja commence à perdre en attractivité dans les aliments composés. Il pourrait rapidement perdre quelques points d’incorporation au profit d’autres matières, notamment au profit du blé fourrager, céréale dont le taux de protéines est le plus élevé, et dont le prix a bien moins progressé que celui du tourteau en proportion.
Le pois bénéficie de la hausse du cours des tourteaux
Le pois fourrager regagne encore une fois en intérêt vu la forte hausse des prix du tourteau. Avec une demande soutenue, son prix progresse de 5 €/t sur la semaine pour monter à 260 €/t départ Marne, un niveau qui n’avait pas été vu depuis 7 ans !
Nouvelle hausse pour les colzas
À la suite du soja, les prix du colza ont fortement augmenté sur la semaine avant de s’affaisser légèrement entre mercredi et jeudi. Les prix du colza continuent d’être soutenus par le déficit en tournesol sur le marché européen, et par les cours du soja et des huiles.
Le prix rendu Rouen s’est ainsi élevé de 12,5 €/t en une semaine. Le prix Fob Moselle progresse, quant à lui, de 7,5 €/t à 430,5 €/t. Avec un temps pluvieux et doux, les conditions continuent de profiter aux cultures de colza dans l’UE. En mer Noire, le retour des pluies annoncé devrait aussi profiter aux plants.
Petite augmentation pour le cours du tournesol
À Saint-Nazaire, le tournesol standard n’était pas coté la semaine du 31 décembre 2021. Il s’affiche maintenant à 520 €/t, en hausse de 25 €/t en deux semaines. Le tournesol oléique est coté à 500 €/t, en progression de 5 €/t sur la semaine. Les faibles disponibilités en graines continuent de faire monter les cours.
En mer Noire, le tournesol Fob progresse lui aussi de 5 $/t en une semaine. Il y a peu d’activité sur le marché en raison des fêtes du Noël orthodoxe.
À suivre : réouverture des marchés en mer Noire, achats chinois en orge et maïs, climat en Amérique du Sud (maïs et soja), production d’huile de palme en Malaisie, conditions climatiques dans l’UE et en mer Noire (blé et colza)