Tout comme les syndicats agricoles (lire l’article), plusieurs organisations professionnelles ont réagi aux arbitrages du ministre le 21 mai 2021.

 

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Satisfaction pour les chambres d’agriculture

Du côté des chambres d’agriculture, c’est la satisfaction : « Ces propositions répondent en grande partie aux défis auxquels l’agriculture devra faire face dans les années à venir », estiment-elles. Elles soulignent en particulier la volonté d’une souveraineté protéique, les MAEC réservées aux zones intermédiaires et l’augmentation des crédits à l’installation.

 

Au sujet des écorégimes, les chambres d’agriculture « accueillent favorablement les évolutions annoncées » tout en précisant que « le travail doit néanmoins se poursuivre pour permettre au plus grand nombre d’agriculteurs d’atteindre les objectifs ». Seul bémol : l’insuffisance des moyens pour une politique volontariste de gestion des risques.

La fin d’une spirale à la baisse des aides, pour l’AGPB

À l’AGPB, la section des producteurs de blé de la FNSEA, on reconnaît « les avancées pour préserver un équilibre et respecter les différentes filières de production ». Par ces arbitrages, le ministre « freine, voire stoppe cette spirale à la baisse » des aides Pac pour les céréaliers, estime l’association. Elle salue aussi le soutien spécifique aux zones intermédiaires via les MAEC et un soutien aux investissements.

 

Cela dit, l’AGPB reste vigilante sur le contenu de la conditionnalité concernant la diversité des cultures et la surface non-productive (BCAE 8 et 9) et sur l’accès pour tous aux écorégimes. Elle attend également des arbitrages sur la mise en place d’une assurance climatique efficace ainsi d’une politique d’accès à l’eau.

Les soutiens aux protéines salués par la Fop

La Fop (Fédération des producteurs d’oléagineux et de protéagineux) ne pouvait que se réjouir de la volonté politique de renforcer la souveraineté en protéines végétales. Pour la réussite d’un plan de relance des protéines végétales ambitieux, la Fédération rappelle l’importance d’une véritable structuration des filières, notamment par le biais des programmes opérationnels.

La FNPL n’est pas rassurée

À la Fédération nationale des producteurs de Lait (FNPL), on s’inquiète, malgré l’annonce d’une aide à l’UGB, qui, selon le ministre, serait favorable aux éleveurs laitiers. En cause : la poursuite de la convergence qui pénaliserait les exploitations de petite taille et le flou sur le montant de l’aide à l’UGB.

 

« Les éleveurs laitiers ne peuvent être une fois de plus sacrifiés, comme ils l’ont été lors des précédentes Pac », ajoute la Fédération, chiffres à l’appui : entre 2000 et 2020, une ferme familiale de deux UTH sur 50 ha en plaine et 60 vaches serait passée de 21 000 € à 11 000 € d’aides Pac. Alors, pour la FNPL, « seule une enveloppe bovine répartie uniformément » sera à même d’inverser la tendance : « Une vache est une vache, une UGB est une UGB et tout autre choix sera dévastateur », martèle la Fédération.

Le bovin à viande sera le « grand perdant », s’inquiète la FNB

Avec le passage progressif de 2 à 3,5 % des aides couplées pour les protéines végétales, c’est une « baisse importante » des aides couplées pour l’élevage de bovins de race à viande, relève la Fédération nationale bovine (FNB). Et pour les éleveurs, c’est « une nouvelle baisse de leur revenu et une augmentation de leur coût de production ». Si le ministère communique sur une baisse globale pour le secteur du bovin à viande de 3 à 4 %, l’effet sera « une nouvelle diminution de 15 % du revenu des éleveurs », s’alarme la Fédération, qui prévoit que « le secteur du bovin à viande sera donc le grand perdant de cette réforme ».

 

Aussi la FNB enjoint le gouvernement à « limiter strictement cette baisse au seul transfert des aides couplées animales vers le financement des protéines végétales » et à prendre « de vraies mesures fortes et concrètes visant à contraindre les acteurs de leur filière à changer d’attitude pour acheter, enfin, leurs animaux à un prix couvrant leur coût de production ». Sous peine de voir disparaître ce secteur, avertit la FNB.

Des « orientations équilibrées » pour La Coopération Agricole

La Coopération Agricole salue pour sa part les « orientations équilibrées » prises par le ministre dans « l’exercice périlleux » de la répartition des aides. Les arbitrages ministériels permettent, selon elle, de « reconquérir la souveraineté alimentaire tout en assurant la compétitivité et en opérant les transitions ».

 

Elle se félicite en particulier du maintien des budgets du premier pilier et de l’ICHN, ainsi que du renforcement des soutiens aux jeunes installés et au bio. Quant aux écorégimes, la coopération apprécie leur caractère « inclusif et non-discriminant » avec la prise en compte des démarches de haute valeur environnementale (HVE).

 

Elle regrette néanmoins que les programmes opérationnels ne soient pas étendus à davantage de filières, et déplore le manque de moyens pour la prévention et la gestion des risques.

L’UIPP veut valoriser les bonnes pratiques

L’UIPP, l’Union des industries de la protection des plantes, a également réagi : « Nos adhérents sont résolument engagés dans la transformation agroécologique en cours. La définition du PSN doit être l’occasion de valoriser les avancées concrètes déjà réalisées en matière environnementale et de réduire les distorsions de concurrence avec les autres pays européens », a déclaré Eugénia Pommaret, directrice générale de l’UIPP.

 

L’association rappelle que l’ambition pour la souveraineté alimentaire et la compétitivité de l’agriculture passera par l’innovation. « L’ajout de nouvelles restrictions phytosanitaires à l’échelle nationale ne serait nullement bénéfique pour parvenir à la transition attendue », met-elle en garde.

 

L’UIPP milite pour une « écologie incitative », grâce aux écorégimes qui pourraient valoriser les pratiques agricoles vertueuses. Encore faut-il que le PSN propose des « indicateurs objectifs qui favoriseront les bonnes pratiques et non des indicateurs de réduction de volumes qui n’ont pas de sens agronomique ou environnemental », ajoute-t-elle.

 

Les massifs s’estiment les financeurs des autres secteurs

Les massifs montagneux ont réagi ensemble quelques jours plus tard. En lisant les arbitrages du ministre de l’Agriculture, les agriculteurs du massif central, des Vosges, du Jura, des Alpes, de la Corse et des Pyrénées se sentent « l’un des principaux financeurs du développement d’autres secteurs bien qu’ils disposent d’un des plus bas revenus du secteur agricole », écrivent-ils dans un communiqué commun le 27 mai 2021. Ils ajoutent qu’ils font cette déclaration « avec amertume ».

Ils saluent toutefois le maintien du budget de l’ICHN mais déplorent de ne pas voir privilégier les actifs agricoles. « Le ministre semble donc avoir fait ce choix redouté depuis plusieurs mois : baisser les aides couplées aux éleveurs de nos zones tout en les empêchant d’accéder à une partie des futures aides couplées aux protéines végétales fourragères. »