Le mouvement des gilets jaunes a pour ainsi dire éclipsé les syndicats de salariés. Comme le recul du taux de participation lors des élections aux chambres d’agriculture, cette remise en cause interroge la FNSEA, qui a décidé de se pencher sur le rôle des syndicats dans la société française. Avec les élections européennes, ce sera même un des thèmes principaux de son soixante-treizième congrès les 27 et 28 mars prochains à Nancy (Meurthe-et-Moselle).
Courtisé par les gilets jaunes
« Nous avons été très sollicités au début du mouvement, a rappelé Christiane Lambert, la présidente du syndicat le 19 mars à Paris lors de la conférence de presse de présentation de ce congrès. Nous avons eu à ce moment-là des questionnements dans le réseau. Certains départements ont choisi d’y aller, d’autres pas. » Et comme les syndicats de salariés, ils ont pu constater qu’ils avaient des revendications en commun avec les gilets jaunes.
« En milieu rural, nous avons des difficultés liées à l’éloignement [des grands centres urbains, NDLR] et aux services, résume Jérôme Despey, le secrétaire général de la FNSEA. On peut partager cela avec les gilets jaunes. Mais que les corps intermédiaires soient bafoués par un mouvement qui ne veut pas se structurer », c’est une autre histoire. « Nous devons jouer pleinement notre rôle car nous sommes dans une démocratie ! »
« L’esprit de responsabilité »
La FNSEA répond aux règles de la démocratie représentative, alors que les gilets jaunes revendiquent une démocratie participative. « L’esprit de responsabilité est important, reprend Christiane Lambert. Les gilets jaunes se sont montrés d’une très grande violence avec les gens qui ne sont pas d’accord [avec eux] et qui le disent. La contestation permanente pour la contestation permanente conduit à des déçus permanents. »
Et la présidente de la FNSEA d’ajouter que parmi les gilets jaunes figurent « des gens jamais contents en révolution permanente, incapables de se poser pour dire ce qu’ils veulent. Nous représentons les agriculteurs et leurs devons des comptes. Il faut peut-être une dose de démocratie participative, mais avec ceux qui ont envie de travailler et qui sont prêts à comprendre qu’à un moment il y a un vote », avec un résultat à respecter.