Ils sont venus, ils ont vu, mais sont repartis comme ils sont arrivés. Après avoir exprimé leur mécontentement à l’égard du projet du gouvernement de baisser leurs financements, les chambres d’agriculture sont toujours dans l’incompréhension. Après sa rencontre avec le cabinet du Premier ministre ce 18 juillet, Claude Cochonneau, président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA), en est ressorti « sans réponse précise ».

 

De quoi raviver l’incendie. « Le réseau est très en colère, a-t-il martelé ce jeudi après-midi. On leur a dit qu’il ne fallait pas qu’ils s’imaginent qu’on remplisse toutes les missions qu’ils veulent nous confier avec une baisse de moyens. »

45 millions d’euros en moins à l’horizon de 2020

Ce qui a mis le feu aux poudres : la proposition du gouvernement de baisser la taxe additionnelle à la taxe foncière sur les propriétés non bâties dans son projet de loi de finances pour 2020 actuellement en préparation. Cette recette fiscale finance directement les chambres d’agriculture. Sur les 292 millions d’euros de taxes collectées dans leur dernier budget, cela représenterait une baisse de 45 millions d’euros, selon l’APCA, soit une diminution de 15 %. En 2018, son budget d’activité global était de 740 millions d’euros.

« Incohérence » entre les objectifs et les moyens

Alors que les chambres d’agriculture s’apprêtaient à signer avant la fin de l’année un « contrat d’objectifs » avec le gouvernement, l’APCA pointe du doigt une incohérence entre les moyens mis sur la table et les ambitions projetées.

 

« L’État dit qu’il faut accélérer la transition mais ne nous donne pas les capacités pour y arriver », estime Sébastien Windsor, premier vice-président de l’APCA. Une incohérence soulignée par un communiqué de la FNSEA et Jeunes Agriculteurs comme « un double discours incompréhensible ». Les deux syndicats ont même appelé à suspendre toutes discussions sur ce contrat d’objectif.

 

« Nous sommes prêts à assumer ces missions sans financement supplémentaire mais pas avec une baisse de budget, a averti Claude Cochonneau. « Si on s’y retrouve confronté, les chambres auront la réaction de n’importe entreprise », a-t-il souligné en évoquant un éventuel abandon de certaines actions.

Les parlementaires et les élus appelés à la rescousse

Pour l’éviter, le réseau compte bien influer dans le prochain débat au Parlement autour de la loi de finances pour 2020. « Les présidents des chambres d’agriculture vont rencontrer prochainement les parlementaires et les collectivités pour avoir leur soutien, a précisé Sébastien Windsor, lui-même président de la chambre régionale d’agriculture de la Normandie. On n’a pas l’intention de se laisser faire. »