Hasard du calendrier ? Cette annonce intervient le 26 mars après un sondage Ifop, commandé en février par les associations pro-ours Adet et Ferus, indiquant que 73 % des habitants des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques seraient favorables à la réintroduction de deux ourses dans les montagnes. Mais aussi après la condamnation de l’État par le tribunal administratif, pour n’avoir pas suffisamment protégé l’ours, à la suite d’une plainte déposée en 2015 par ces deux associations.

Un défi de plus pour les agriculteurs

« Nous ne pouvons pas nous résoudre à voir disparaître l’ours brun des Pyrénées sous nos yeux, explique Nicolas Hulot cité dans un communiqué diffusé le 27 mars 2018. Je mesure bien le défi que représente pour le monde agricole la cohabitation […], mais nous devons montrer notre détermination à sauver la biodiversité, en France et dans le monde. » Les deux ourses arriveront après la descente d’estive des troupeaux. Éleveurs et bergers apprécieront cette délicate attention.

C’est la première fois depuis 2006 qu’une réintroduction d’ours sera conduite en France. L’ONCFS a répertorié 39 adultes en 2016 dont 10 oursons de l’année. Selon le ministère, dans l’Ariège, la population d’ours est en légère augmentation après être passée au bord de l’extinction au milieu des années quatre-vingt. Dans le Béarn, seuls 2 mâles sont présents, et devraient donc être rejoints par les deux femelles dont le lâcher est annoncé pour l’automne.

Élaborer une feuille de route

Quel est l’objectif du dialogue que le ministre veut mettre en place ? De « réussir » le lâcher de ces deux ourses. « Ce dialogue devra notamment permettre de construire des réponses concrètes pour concilier les activités d’élevages et la présence de cette espèce », précise le ministère. Les discussions rassembleront l’ensemble des acteurs du département (services de l’État, élus, représentants des agriculteurs, des associations…).

Il est question de mettre en place une feuille de route qui « devra comprendre des actions permettant de renforcer la sécurité des activités d’élevage, en s’appuyant sur une meilleure connaissance des comportements de l’espèce, sur une amélioration des technologies de suivi et d’observation des ours bruns et sur une amélioration des dispositifs de protection et d’intervention en cas de problème. »

Des associations satisfaites

L’association Ferus n’a pas tardé à réagir. « Monsieur le Ministre, bravo pour cette annonce tant attendue, lance l’association dans un communiqué diffusé ce 27 mars 2018. Nul doute qu’à la suite de cette perspective du lâcher de deux ourses en Béarn, la pression de l’opposition, bien que très largement minoritaire, va être forte, sournoise et bruyante. Nous vous demandons de tenir bon et d’aller jusqu’au bout. »

« Nous notons que vous faites le choix de lancer une concertation là où nous attendions des actes. Vous choisissez, semble-t-il, de mixer les deux, c’est peut-être la solution. L’avenir le dira et nous avons envie de vous faire confiance sur ce principe. Un constat intéressant : nous sortons du débat “pour-contre” l’ours, stérile, paralysant et déjà tranché par la loi, afin d’imaginer ensemble un avenir durable et désirable pour tous. » Sauf pour les éleveurs…