« Le ministère de l’Agriculture a prononcé l’interdiction de la castration à vif à partir du 1er janvier 2022, et non l’obligation de la castration avec la prise en charge de la douleur. Nous allons donc nous battre sur ce terrain-là », lance Jean-Jacques Riou, président de l’association « Pour le bien-être animal porcin et la non-castration des porcs », lors d’une conférence de presse le 1er juin 2021 à Lampaul-Guimiliau (Finistère).
Alors qu’une instruction ministérielle doit fixer les modalités de la prise en charge de la douleur par les éleveurs « dans les prochains jours », l’association appelle les producteurs de porcs, quel que soit leur groupement, à solliciter Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture, par une lettre qu’elle a elle-même préparée (voir ci-dessous). Cela, afin que l’instruction « ne se limite pas à la description des méthodes de gestion de la douleur », mais surtout, qu’elle considère comme « dérogatoire » le recours à la castration des porcelets.
L’association appelle les producteurs de porcs à solliciter individuellement le ministre de l’Agriculture pour que la castration des porcelets ne soit autorisée qu’à certaines conditions. © V. Guyot
« Surcoût de dix euros par porc »
Car la pression de l’aval reste forte. « Les abattoirs ne veulent pas supporter le risque de rentrer des cochons à la viande odorante. […] Nous sommes face à un mur. Pourtant, le Comité régional porcin a même proposé que la détection de ces viandes soit réalisée par Uniporc », affirme Jean-Jacques Riou. Le président de l’association craint que les éleveurs soient ainsi « contraints à continuer de castrer, sans compensation du surcoût de cette opération ».
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Or l’association estime ce dernier à « 8 € en raison de moindres performances techniques des mâles castrés (consommation d’aliment, valeur de la carcasse, et rotation en bâtiment) auxquels il faut ajouter 1 à 2 € pour l’anesthésie, soit 10 € au total ». « L’enjeu est énorme, cela représente davantage que la rémunération moyenne des éleveurs sur les dix dernières années », insiste Jean-Loup Le Gal, membre de l’association.
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« Distorsion de concurrence insupportable »
Pour Jean-Jacques Riou, « il s’agit de rester compétitif. L’Espagne abat aujourd’hui 85 % de mâles entiers. La France importe du jambon espagnol dont le prix est attractif, et cela ne pose de problème à personne. » Du côté des éleveurs, « être privé de près de dix euros par porc est une distorsion de concurrence insupportable. Nous ne demandons pas un centime de plus par kilo de porc. Nous souhaitons un prix de marché, sans être privés d’un manque à gagner ».
L’éleveur l’assure : « Nous sommes capables de fournir des mâles entiers de bonne qualité. Depuis dix ans, la génétique comme l’alimentation ont évolué tout comme l’âge à l’abattage. Seules 1 à 2 % des carcasses présente aujourd’hui le risque d’être odorantes. »
Quant aux mâles castrés, « ils répondent à des cahiers des charges spécifiques tels que le porc sur paille, le label rouge ou encore certaines appellations comme le jambon de Bayonne, qui ne représentent que 10 à 20 % des volumes abattus ». Et de souligner que « la Cooperl abat des mâles entiers depuis près de dix ans. Elle s’en porte bien, et ses porcs sont en moyenne 1 kg plus lourds que les nôtres ».
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