Alors que les négociations sur le Mercosur s’accélèrent, l’AIBS alerte le gouvernement « sur les menaces bien réelles que ferait peser un accord de libéralisation, même partielle, sur la filière “betterave-sucre-éthanol” française, qui traverse une crise sans précédent. »
« Dans le contexte de crise grave, l’AIBS est particulièrement inquiète de voir apparaître ces produits en queue de négociation, où ils n’auront plus qu’une valeur d’ajustement pour boucler l’accord », écrit l’association dans un communiqué paru le 26 juin 2019.
Et de rappeler que le Brésil est le second producteur et le premier exportateur mondial de sucre. « Des concessions très significatives ont déjà été faites par l’UE à l’égard du Brésil qui tire ainsi avantage de certains avantages concurrentiels (main-d’œuvre, taille des exploitations…), du soutien dont bénéficie indirectement le sucre grâce aux plans de soutien au développement de l’éthanol par le gouvernement brésilien, et de la faiblesse du réal qui rend les exportations brésiliennes particulièrement compétitives. »
L’AIBS précise aussi que « l’UE, déjà largement excédentaire, a largement ouvert son marché par les préférences accordées aux pays ACP, aux pays les moins avancés et par l’intermédiaire de contingents à droit nul avec plus d’une vingtaine de pays exportateurs. »
Risque d’alignement à la baisse
Elle demande donc que « le droit de douane qui sera fixé pour les contingents Mercosur reste inchangé à 98 €/t pour le sucre » car elle craint que toute diminution risque d’entraîner « des demandes d’alignement à la baisse » des droits chez les titulaires de contingents dits CXL (liés aux agrandissements successifs de l’Union européenne), dont le Brésil fait partie. « Ce dernier bénéficierait ainsi, en cascade, de contingents préférentiels au titre du Mercosur, d’une part, du régime d’importation CXL, d’autre part, voire de contingents additionnels de compensation pour cause de Brexit », souligne l’AIBS.
Concernant l’éthanol, le syndicat estime qu’il ne faut pas aller au-delà de ce qui a été proposé par la Commission, c’est-à-dire un quota à droit réduit à un tiers des droits actuel (pour un montant de 600 000 t d’alcool éthylique, soit 12 % de la demande européenne). « Sans quoi le quota attribué au Mercosur viendra s’ajouter aux surcapacités de production européennes et dégrader encore les conditions économiques », prévoit l’interprofession de la betterave et du sucre.