La deuxième session de négociations entre Lactalis et les quatre organisations de producteurs (OP), débuté vendredi vers 18h00, cette fois dans le fief de l’industriel, à Laval, s’est achevée vers 23h00, sur un nouveau constat d’échec. « La revalorisation qu’on demandait est à peine de 10 % alors qu’eux [Lactalis] sont restés à 6 % », a expliqué Sébastien Amand, vice-président de l’organisation de producteurs Normandie Centre (OPNC), aux 200 éleveurs rassemblés sur le rond-point occupé. On est en situation d’échec. »
« Force est de constater que le delta (le fossé entre les positions, ndlr) entre les deux parties est trop conséquent pour qu’on puisse ce soir trouver un terrain d’entente pour espérer une rémunération des producteurs de lait en lien avec le marché mais surtout en lien avec les difficultés sociales, financières et de trésorerie que vous vivez dans vos exploitations », a-t-il ajouté. Il a néanmoins précisé « entrevoir certaines évolutions de la part de l’entreprise. Nous, il nous a fallu faire des pas mais nous sommes restés dans les pas » fixés par le mandat reçu des producteurs pour ces discussions.
Les 6 % annoncés par Lactalis vendredi matin correspondent à une hausse de 15 €/1 000 l, soit un prix d’environ 271 €/1 000 l. Soit moins que la proposition du médiateur, pourtant acceptée la veille par l’industriel, d’un prix à 280 €/1 000 l. Les 10 % revendiqués par les OP représentaient une hausse d’environ 26 €/1 000 l, soit 282 €/1 000 l. « Vu l’écart, on pensait que ça servait à rien, qu’on n’arriverait pas à trouver un accord. Ça servait à rien de rester là et de laisser passer les camions », a commenté Jérémy Trémeau, président des JA de la Mayenne. Aucune date n’a été évoquée pour une éventuelle reprise des discussions.
Dans la nuit de vendredi à samedi, la FDSEA de la Mayenne a finalement appelé les manifestants à cesser l’occupation du rond-point du Zoom et la fin du blocage du site. « La manifestation est terminée, a annoncé Philippe Jéhan, président de la FDSEA 53. On n’avait pas d’intérêt à rester jusqu’à lundi. Vous obliger à tenir, ça servait à rien. » Pourtant, des tours de garde ont été organisés jusqu’à lundi. Et Pascal Clément, président de la FRSEA Ouest avait clamé que « s’en aller, c’est donner victoire. Si on laisse l’accès à l’entreprise, elle a gagné à jamais… »
Mais cette évacuation a été décidée sous la contrainte d’une décision du tribunal de Laval, vendredi soir : les responsables syndicaux ont dû annoncer la fin des blocages sous peine d’astreinte financière, après que Lactalis a assigné le matin les FRSEA de la Normandie, la Bretagne et Pays des de la Loire. S’ils continuaient à bloquer les camions, « c’était 5 000 euros de l’heure », a précisé Philippe Jéhan, tout en assurant à ses troupes que ce n’était que « partie remise ».
Il s’agit désormais de « rebâtir une stratégie ». « On ne va pas capituler, on ne lâchera pas, a déclaré devant les manifestants, Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA. On va identifier les points sur la carte et on va aller devant chaque site Lactalis, entre autres comme actions, pour continuer et réussir. » C’est désormais la FNSEA qui reprend la main pour organiser une « stratégie d’envergure nationale. On va tout mettre en œuvre, avec les JA, sur cette voie-là », promet-elle.
La FNSEA devra néanmoins préciser sa stratégie et ses objectifs : s’agira-t-il, comme revendiqué initialement, de « faire remonter Lactalis au niveau des autres industriels », ou bien de faire remonter l’ensemble des industriels vers un prix plus compatible avec les coûts de production des éleveurs laitiers ? Dans ce cas, les pressions seront-elles élargies aux autres collecteurs importants – Sodiaal, Bel, Savencia, Danone, Agrial… ?