Le panier anti-inflation, dispositif sur lequel planche le gouvernement depuis plus d’un mois pour tenter de répondre à l’inflation dans les rayons des supermarchés, rencontre critiques et scepticisme. Pour autant, le cabinet de la ministre déléguée au Commerce, Olivia Grégoire, assure qu’il n’est « pas enterré ».

Des distributeurs ouverts au dialogue

« Le panier anti-inflation subira-t-il le même sort que le chèque anti-inflation ? », dispositif gouvernemental mort-né, s’interrogeait mardi Yves Puget, directeur de la rédaction du média spécialisé dans la distribution LSA, dans un éditorial où il juge le projet « dans l’impasse ».

Du côté des distributeurs qui disent pour certains vouloir jouer le jeu, le président de Système U, Dominique Schelcher, a assuré hier, mardi 21 février 2023 sur Radio Classique, que le dispositif était « un grand succès ». Les ventes des cent cinquante produits qui composent ce panier vendu « à prix coûtant » ayant progressé de l’ordre de 20 %, selon un porte-parole de l’enseigne.

Toutefois, d’autres acteurs du secteur se montrent plus réticents, voire critiques. Ce panier « a un petit risque d’être technocratique », a estimé à la mi-février dans Le Figaro le P.-D.G. de Carrefour, Alexandre Bompard, estimant que son groupe avait déjà pris « des mesures pour accompagner les clients » face à la hausse des prix dans les rayons. « Mais avec tous mes camarades du secteur, nous sommes toujours ouverts à la discussion avec le gouvernement », avait-il ajouté.

Un panier anti-inflation dès le 15 mars ?

De fait, « les discussions se poursuivent » avec les acteurs de la grande distribution, qui doivent « faire des contre-propositions susceptibles de répondre à l’objectif de protéger les plus vulnérables », a assuré mardi 21 février 2023 à l’AFP le cabinet d’Olivia Grégoire, martelant que le projet n’est « pas enterré ».

La ministre de l’Économie avait semblé ouvrir la porte lundi à l’abandon de ce panier, en déclarant sur BFMTV : « Je ne sais pas si [le résultat des discussions] sera un panier anti-inflation. […] Ce sera ce que les distributeurs trouveront de plus utile et de plus efficace. »

L’échéance attendue n’est désormais plus début mars, mais le 15 mars.

La FNSEA et UFC-Que Choisir restent critiques

Le dispositif s’est attiré les critiques mardi de Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA. « Nous avons exprimé notre rejet du panier anti-inflation, promu et présenté par Olivia Grégoire, puis promu et présenté par Bruno Le Maire », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse.

« Beaucoup de distributeurs disent : “Nous devons vendre moins cher, parce que les Français raisonnent leur alimentation à l’euro près.” Pour eux, c’est le prétexte pour tirer les prix vers le bas », a-t-elle encore estimé.

Autre acteur très critique : l’association de consommateurs UFC-Que Choisir, pour qui le dispositif est un « gadget ». « Comment cinquante produits pourraient répondre à la diversité des besoins selon les types de consommateurs ? », s’interrogeait au début de février Olivier Andrault, chargé de mission dans le secteurs de l'agriculture et de l'alimentation pour l’association de consommateurs.