Le froid glacial de la tempête Elliott n'a pas surpris les éleveurs, mais il n’en reste pas moins intense. Une langue d’hiver polaire s’est abattue sur le Canada et les États-Unis, charriant du vent et des températures glaciales entre les Rocheuses et les Appalaches. Des températures de -50 °C ont été enregistrées. Le Texas a connu des températures clairement négatives : - 13 °C à Dallas. Des dizaines de morts sont déplorées.

Les agriculteurs n’ont pas été véritablement pris de court. L’économiste en chef du ministère américain de l’Agriculture, Seth Meyer, avertissait le 21 décembre 2022 des températures particulièrement basses qui allaient s’abattre.

Couverture neigeuse

Les cultures en place, principalement le blé d’hiver, devraient être assez protégées par la couverture neigeuse dans plusieurs régions au nord de cette zone. "En revanche, nous continuons à être attentifs sur les effets de ces conditions inhabituelles dans le Nebraska, le sud-est du Colorado, Kansas, Oklahoma et Texas", explique le 22 décembre 2022 Brad Rippley, météorologiste du ministère américain de l’Agriculture.

C’est plutôt pour les animaux que des inquiétudes s’exprimaient dans la presse. Les éleveurs interrogés s’employaient à rassurer. Dans le Kansas, un des États qui compte le plus d’éleveurs, l’un d’eux, Greg Daering, salarié du syndicat agricole du Kansas, résume auprès : "Les animaux s'en sortiront. C'est un événement extrême, mais ça va être de courte durée."

Les animaux sont intelligents

Plus au nord, dans le Wyoming, Brett Moline, éleveur et syndicaliste, explique à la radio publique : "Les animaux sont intelligents, ils sauront où aller pour se mettre à l'abri du vent". Il ajoute que des éleveurs peuvent parfois créer des pare-vent dans les pâtures pour aider les animaux à lutter contre le blizzard.

Cependant, il note que les animaux vont sans doute avoir besoin d’une double ration afin de lutter contre le froid. Ce qui est très inhabituel. D’après Jim Magagna, de l’association des éleveurs du Wyoming, les affouragements se font habituellement après le nouvel an.

Cette année, non seulement les besoins sont plus forts et précoces, mais le prix du foin est particulièrement élevé. "S’ils prélèvent sur leurs stocks maintenant et qu’ils sont obligés d’acheter du foin plus tard dans l’année, ça va être très dur pour les éleveurs", avertit-il.

Le jour le plus froid de l'année

Pour voir la vie d’un éleveur par très grand froid, il faut passer la frontière. Direction le Saskatchewan, au centre du Canada. Le 25 décembre, Jan Kielstra, éleveur de 340 holsteins, met en ligne une vidéo (en Anglais) de ce qu’il nomme lui-même "Le jour le plus froid de l’année". On vous laisse juger : - 45 °C.

Il reconnaît que c’est un travail assez dur ("it’s definitively a tough job"), mais son matériel et ses bâtiments sont plutôt adaptés à ces situations. Tout prend un peu plus de temps parce qu’il faut ménager le matériel pour éviter les casses : le tas d’aliment gelé, les portes à ouvrir à la main, l’attention particulière sur les nouveau-nés, et la condensation de l’humidité dans les bâtiments.

"Je sais que le front froid va descendre jusqu’au centre des États-Unis et que d’autres éleveurs vont être confrontés à des conditions similaires. Joyeux Noël tout de même", conclut Jan Kielstra.