La production laitière est étroitement liée à l’histoire du Gaec Via Lactea. « Elle était déjà en œuvre à la toute fin des années quatre-vingt-dix, quand mon frère et moi avons pris la suite de nos parents et de notre oncle », précise Jean-Michel Diard, associé avec son frère Stéphane et sa sœur Anne-Françoise à Andard, dans le Maine-et-Loire. À cette époque, le troupeau compte 45 prim’holsteins et une partie de la production est valorisée en direct sous la forme de lait cru. Une fois installés, « notre premier gros chantier a été la mise aux normes ».

Réalisée en 2001, celle-ci va de pair avec une augmentation du troupeau qui grimpe à 70 vaches. « Cet effectif est resté stable jusqu’en 2013, date à laquelle nous avons remplacé le premier robot de traite, mis en place quatre ans plus tôt, par deux neufs. Nous sommes alors passés à 90 laitières », précise Jean-Michel.

Saturer les bâtiments

L’augmentation du cheptel s’est faite sans construction de nouveau bâtiment. « Notre stratégie a été d’aménager l’existant et de le saturer. Nous avons, par exemple, transformé une fumière en espace de stockage pour les fourrages. »

En parallèle, les éleveurs renoncent au paillage et investissent dans un racleur à lisier. « Tous nos animaux, génisses comprises, sont en logettes. Nous n’avons gardé qu’une seule case paillée réservée aux vaches prêtes à vêler. »

Entreprenants, les associés produisent aujourd’hui 720 000 litres par an. Une part importante de ce volume (80 %) est vendue à la laiterie Tessier (groupe Savencia), située à Cornillé-les-Caves. Mais les associés continuent de commercialiser du lait cru en direct. « Après une période plus terne au milieu des années 2000, ce marché est de nouveau à la hausse, et 2020 s’annonce très bonne. » L’an dernier, le Gaec a écoulé 130 000 litres de cette manière. « Nos ventes à la ferme sont anecdotiques. Pour l’essentiel, nous travaillons avec une société de restauration collective, des boulangers (30) et des GMS (10) situés à Angers même ou en périphérie », souligne Jean-Michel, qui assure les livraisons. Selon les clients, le lait est conditionné dans des poches en plastique de 5 et 10 litres ou en bouteille.

Développerla transformation

Au début du mois de mars, les associés ont franchi une nouvelle étape dans la valorisation de leur lait, avec le recrutement d’une fromagère. Le projet en est à ses débuts mais l’objectif est de transformer 100 000 litres de lait en tommes. « Il y a une demande chez nos clients professionnels mais aussi de la part des gens qui viennent à la ferme pédagogique. Souvent, ils cherchent à ramener un souvenir de leur visite. »

Dédié à la production laitière, le groupement a pris, en 2004, un virage inattendu avec la création de la ferme pédagogique La clé des champs. « Un projet directement lié à mon installation », indique Anne-Françoise. Titulaire d’un master en psychosociologie, avec une spécialité « pédagogie ludique », elle a découvert ce concept au Canada dans le cadre de ses études. « Après deux ans de vie parisienne, j’ai décidé de revenir en Anjou et de m’installer. »

Créée de toutes pièces et bénéficiant de la proximité d’Angers, l’activité a rapidement pris son essor. Actuellement, Anne-Françoise est secondée par une animatrice salariée à temps complet. Ensemble, elles accueillent en moyenne 10 000 visiteurs par an. « 6 000 sont des élèves scolarisés de la maternelle à la sixième et 4 000 des particuliers. »

Visites guidées

Pendant les vacances, l’agricultrice se consacre à l’accueil des particuliers. Les visites sont libres ou guidées. Elles sont aussi présentées en anglais car Anne-Françoise, mariée à un Écossais, est bilingue. « L’été, nous travaillons avec les centres de loisirs du Maine-et-Loire ou des départements limitrophes, précise l’exploitante. Nous leur proposons des camps de deux à cinq jours. »

Depuis le début du confinement associé à l’épidémie du Covid-19, l’activité d’accueil est réduite à zéro, sans savoir quand elle pourra redémarrer. Et la vente directe de lait cru a baissé de 50 % car le principal client du Gaec est une société de restauration collective livrant des écoles. Anne Mabire