Le mercredi 26 septembre 2018, une délégation de la FDSEA du Tarn-et-Garonne se rend chez le préfet. Au programme de cette rencontre : lutte contre l’ambroisie, mesures contre la sécheresse et fin de l’exonération des charges sociales pour les travailleurs occasionnels demandeurs d’emploi (Tode).

Sur ce dernier dossier, le préfet avoue son impuissance entre les lignes. « On nous a répété les éléments de langage du ministère, dénonce Alain Iches, président de la fédération départementale, comme quoi la nouvelle génération de CICE compenserait la fin de l’exonération, mais pour nous le compte n’y est pas. »

Action directe

Dès leur sortie de la préfecture à 14 heures, les représentants de la délégation lancent un appel à mobilisation pour le soir même. Mot d’ordre pour le rassemblement : conservation de l’exonération des charges et des volumes d’irrigation. L’information se propage vite : à 20h30, près de 250 exploitants sont présents sur le parking de la chambre d’agriculture.

© DR

Trente tracteurs se mettent alors en route vers la préfecture. Le convoi se dirige ensuite vers la DDT. Les forces de l’ordre et les CRS vont à la rencontre des exploitants, mais les altercations sont rares, et la manifestation se termine dans le calme vers 23h30.

D’après le syndicat, près de 1 100 exploitations seraient concernées dans le département par les thèmes au cœur de cette manifestation, près d’un quart d’entre eux était mobilisé ce soir-là. La mobilisation, pour le président de la fédération, est « le signe que ces sujets sont essentiels ».

Préserver les exploitations

Pour Alain Iches, la fin de l’exonération va contribuer à diminuer la compétitivité des exploitations du département, tournées vers l’arboriculture et la production de semence. « Ça fait augmenter le coût de la main-d’œuvre, et ça accentue l’écart avec les pays voisins. » D’après les estimations du syndicat, cette mesure entraînerait une différence de coût de main-d’œuvre de près de 40 % avec nos voisins allemands ou italiens.

Dans ce département tourné vers l’arboriculture et la production de semences, près de 20 000 saisonniers seraient employés chaque année. « La fin de l’exonération entraînera un coût de 15 800 000 € pour notre département », estime Alain Iches. Soit près de 13 000 € par exploitation dans une zone où les exploitations sont de taille réduite. « Les structures font en moyenne quarante hectares, 13 000 €, c’est une somme qui dépasse parfois le revenu. »

Seule revendication pour le président : obtenir un geste au niveau national. « Bercy a laissé une porte ouverte sur le dossier, explique-t-il, mais rien n’a encore été acté. » Pour la fédération, cet effort devra être pris sur le budget du ministère de l’économie, et non sur celui de l’agriculture, afin « d’éviter de déshabiller Paul pour habiller Jacques ».

L’irrigation, autre sujet de colère

Le département n’a été épargné ni par le gel, ni par la sécheresse cette année. « En prunes, on a eu jusqu’à 100 % de pertes. » Une campagne qui rappelle la nécessité de maintenir l’irrigation. Or sur ce point aussi, les agriculteurs ne se sentent pas écoutés. Un nouveau plan de retour à l’équilibre des niveaux des cours d’eau, prévu pour 2021, est à l’étude, et les premières mesures dévoilées ne les satisfont pas.

En 2010, le président Sarkozy s’est engagé auprès des exploitants du Tarn-et-Garonne à conserver la gestion par les débits jusqu’en 2021, en attendant la création de réserves. « Aujourd’hui, dénonce Alain Iches, l’État n’a créé aucune réserve, et je ne vois pas pourquoi on baisserait les volumes. »

D’après les informations de la FDSEA, le futur plan exigerait des exploitants une diminution de 45 % du volume de prélèvement sur l’Aveyron. Sur ce dossier, Alain Iches estime que le gouvernement devra faire marche arrière. « Ils n’auront pas d’autre solution que de nous laisser les volumes actuels, la survie des exploitations en dépend. »

Cette manifestation n’est pas la première sur le sujet, mais la mobilisation est conséquente. Seule satisfaction pour les producteurs, le préfet a promis hier dans l’après-midi d’autoriser un dégrèvement de la taxe foncière sur le non-bâti : « Le taux n’est pas fixé, mais le principe est acté. »

Ivan Logvenoff