Alors qu’en 2018, plus de 53 000 tonnes de films plastiques usagés seront collectées, 10 000 tonnes, les plus souillées, seront envoyées dans une installation de stockage de déchets non dangereux. L’autre partie sera stockée, dans l’attente de capacités disponibles chez les recycleurs. Et c’est ce qui inquiète la filière des plastiques en agriculture. En 2016, 98 % des films agricoles étaient recyclés, cette année, ce chiffre sera inférieur à 80 %.
Situation dégradée
« La situation du recyclage des films plastiques reste très dégradée, en France et en Europe », s’alarment Adivalor et le Comité français des plastiques en agriculture (CPA), dans un communiqué commun diffusé le 24 septembre. Car l’Europe regorge de films plastiques industriels et commerciaux, qui étaient précédemment exportés en Asie. « La demande en polyéthylène recyclé est très inférieure à l’offre, expliquent les associations. Les conséquences sont funestes : les stocks s’accumulent et les cours des matières plastiques recyclées restent à un niveau très bas. »
Les films agricoles sont particulièrement touchés, car leur recyclage est plus coûteux, du fait de leur taux de souillure plus élevé (de 20 à 80 %) que celui des films industriels et commerciaux (moins de 20 %). « Aujourd’hui, les plastiques collectés les plus souillés ne sont plus acceptés par les recycleurs », lancent le CPA et Adivalor.
Absorber les flux existants
Pour eux, il y a donc « urgence » : « La demande en matière plastique recyclée doit rapidement augmenter, pour sécuriser les débouchés des recycleurs, ramener les cours à des niveaux économiquement viables, estime Pierre de Lépinau, directeur général d’Adivalor, craignant que dans le cas contraire, « il soit très difficile de convaincre les investisseurs à se lancer dans la création de nouvelles unités de recyclage, indispensables pour absorber les flux existants ».
Aide des pouvoirs publics
« La filière agricole subit les conséquences d’événements internationaux, totalement extérieurs à son fonctionnement, regrette Rémi Haquin, président d’Adivalor, qui demande l’aide des pouvoirs publics pour « faire face à cette situation de crise ». « Le gouvernement français doit accentuer la pression, pour inciter les donneurs d’ordre à s’engager sur l’achat de films plastiques incorporant des matières plastiques recyclés », renchérit Paul Cammal, président du CPA.
Selon lui, « les premiers engagements volontaires ne sont pas à la hauteur des enjeux et de l’urgence. La plasticulture s’est engagée sur un objectif ambitieux de 25 % de granules régénérés dans les produits neufs, d’ici à 2025. Nous appelons à la mobilisation des donneurs d’ordre dans tous les secteurs d’activité, afin de privilégier les produits, qui incorporent un taux élevé de plastique recyclé ».
Dans ce contexte, la réduction du taux de souillure est un « impératif ». Jusqu’à présent, les films souillés jusqu’à 60 % étaient autorisés pour entrer dans la filière du recyclage. Mais à partir du 1er janvier 2019, Adivalor ne prendra en charge que les films souillés jusqu’à 50 % au maximum. La réduction du taux de souillure au champ est une des pistes d’amélioration, avec la mise au point de nouvelles machines de dépose développées dans le cadre du programme Rafu 2.
Augmentation de l’écocontribution
Dans un contexte de prix de reprise en baisse, avec obligation de stocker, voire d’éliminer les films les plus sales, « le coût de collecte augmente de près de 2 millions d’euros sur un an ». D’où la volonté du CPA d’augmenter l’écocontribution sur les films d’élevage et de maraîchage « pour assurer l’équilibre économique de la filière ». Le montant de l’augmentation est encore en discussion au sein du comité de pilotage des filières APE (agriculture plastique environnement).