Il reste encore quelques semaines de suspense avant que soit connue la décision du gouvernement concernant le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, dans la Loire-Atlantique. Édouard Philippe s’y est engagé. Les trois médiateurs nommés par le gouvernement ont rencontré toutes les forces en présence et doivent rendre leur avis au début de décembre. Ce vendredi, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, a affirmé sur France Inter que la décision sera prise « avant les fêtes ».

À fleurets mouchetés

Sur le terrain, on continue cependant de batailler à fleurets mouchetés. Un des enjeux concerne les 1 650 ha de terres agricoles absorbées par le projet. Ses défenseurs rappellent que ces 1 650 ha ne concernaient que 40 exploitations. 32 d’entre elles « ont vendu à l’amiable et ont pu être relocalisées, souligne Philippe Grosvalet, le président du syndicat mixte aéroportuaire. […] Quatre [chefs d’exploitation] sont partis à la retraite ou ont arrêté leur activité et quatre s’opposent encore à l’opération et sont sous le coup d’une procédure d’expropriation. »

Selon le président du syndicat mixte aéroportuaire, le protocole mis en place « a permis de bien prendre en compte les demandes du monde agricole. Pour mémoire, les indemnisations ont été basées sur une marge brute à l’hectare trois fois supérieure au prix habituel. »

Les syndicats agricoles opposés au projet

Certes, les agriculteurs ne se plaignent pas des indemnisations qu’ils ont perçues, même s’ils ont dû aller en justice pour obtenir une revalorisation des montants et des modalités prévus à l’origine. Mais tous, de la Coordination rurale à la Confédération paysanne en passant par la FNSEA et les JA, restent opposés au projet d’aéroport. Les 200 à 500 tracteurs présents lors des différentes manifestations contre le projet attestent de leur mobilisation. Cependant, les raisons de leur opposition varient.

À la FNSEA et à la Coordination rurale, on regrette la perte de terres agricoles. Mickaël Trichet, président de la FNSEA 44, déplore « un projet fortement consommateur de foncier, dans un département dont la population s’accroît de 15 000 habitants chaque année. Ce dynamisme a lui aussi des conséquences sur l’agriculture par l’urbanisation. Avec un nouvel aéroport, il faudra encore d’autres surfaces pour de nouvelles infrastructures, des routes, du rail… »

C’est aussi sur le foncier qu’achoppe la Coordination rurale. « L’aéroport va être construit sur des zones humides qu’il faudra reconstituer ailleurs, sur une surface deux fois plus grande et sur de bonnes terres », observe Catherine Laillé, sa présidente.

Soutien aux quatre derniers

Dans ce bras de fer entre tenants et opposants de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la Confédération paysanne reste la plus radicale dans son opposition. Elle soutient les quatre derniers agriculteurs présents sur la Zad, qui ont refusé tout règlement amiable, qui vivent et travaillent encore leurs terres dans la zone interdite. Elle soutient aussi les zadistes, plus controversés, mais ramène leur impact à leur juste proportion.

Alors que les pro-aéroport évoquent 200 ha de terre occupées illégalement, ces surfaces ne représenteraient que 30 à 40 ha, selon la Confédération paysanne. Même si elle ne veut pas présumer de la décision du gouvernement, elle a aussi préparé un programme sur la rétrocession des terres à l’agriculture en cas de rejet définitif du projet.

Mais quelle que soit la décision du gouvernement, il n’est pas sûr qu’elle constitue le dénouement de quarante ans de bagarres, de procédures et de manifestations. En effet, la Confédération paysanne rappelle que la déclaration d’utilité publique, valable pour dix ans, sera échue en février prochain. Même si le gouvernement dit « oui », il faudra reprendre toute cette procédure…

Myriam Guillemaud