Les risques et incertitudes de l’entreprise agricole : c’est le thème d’actualité qu’ont choisi d’aborder la Fédération des centres de gestion agréés agricoles (FCGAA), l’Union des experts-comptables agricoles (Uneca), et l’Union nationale des auditeurs des organismes agricoles (Unagri), lors de leur journée « SynerJ » du 19 octobre.
« Dans le monde agricole, les notions de risques et d’incertitudes sont mal connues », a expliqué Jean-Luc Theuret, président de la FCGAA. Et les moyens à mettre en œuvre pour les traiter ne sont pas les mêmes selon qu’il s’agit de risques économiques ou de risques climatiques ».
Concernant les risques économiques, selon Patrick Ferrère, délégué général Saf Agri’Dées, c’est la réforme de la Pac de 2003, en mettant fin à la régulation des marchés par l’Europe, qui a fait entrer les mots de volatilité des prix et de compétitivité dans le quotidien des agriculteurs, et donc la notion d’incertitude.
« Aujourd’hui c’est le marché qui fait le revenu », assure-t-il. « Le monde agricole est passé d’un modèle de production à un monde régi par le consommateur et donc par les sociétés de distribution, a ajouté Jean-Luc Theuret. Il faut que les agriculteurs prennent conscience qu’ils doivent avoir une démarche d’entreprise et non plus simplement une démarche de production. »
Être acteur de son revenu
Leurs propos ont été illustrés par Bruno Callé, agriculteur sur une exploitation laitière dans le Morbihan. Il a expliqué comment, avec ses associés, il a fait le choix de diversifier son activité pour limiter l’impact de la volatilité du prix du lait sur leur structure.
« Nous avons mis en place des panneaux photovoltaïques et une unité de méthanisation qui nous permet de valoriser les déchets de l’atelier laitier. Ces choix nous ont permis d’être plus sereins face aux fluctuations du prix du lait et même de tirer profit de nos contraintes pour en faire des atouts. Nous avons amélioré notre compétitivité. »
Focus sur le risque climatique
La deuxième table-ronde de la journée a permis de faire le tour des risques majeurs de l’exploitation agricole. Parmi ceux-là, les principaux sont les risques climatiques, économiques, sanitaires et environnementaux. Les deux derniers sont aujourd’hui couverts par un fonds de mutualisation mis en place en 2011. Le risque climatique est quant à lui couvert par des contrats d’assurance subventionnés par la Pac à 65 % pour le contrat socle.
« D’après les prévisions, la fréquence des phénomènes extrêmes comme la sécheresse de 2003 va être multiplié par deux, explique Jean-Michel Geeraert, directeur du marché de l’agriculture chez Pacifica. Sur tout le territoire les hivers plus doux et les précipitations plus intenses devraient provoquer des fluctuations de rendement plus importantes dans les années à venir et 75 % des surfaces en France ne sont pas assurées. »
« La Pac se doit d’aider l’exploitant à gérer les aléas en proposant des outils de résilience de l’entreprise comme une assurance sur la marge des exploitations qui couvrirait le risque climatique et le risque économique », a expliqué Patrick Ferrère. Selon lui, il faudrait 1 milliard d’euros de subvention publique pour aider à 70 % ces contrats.
Cela représente un basculement de 15 % des aides du premier vers le second pilier. Il n’est pas certain que le monde agricole soit prêt à diminuer la part des aides couplées en faveur de l’assurance.