Si Sébastien Lecornu annonçait ce lundi un coup de pouce sur les raccordements des énergies renouvelables, les filières se montrent encore inquiètes, lors d’une conférence de presse qui a eu lieu ce 26 septembre 2017, en marge du colloque national sur la biomasse organisé par le Ser (Syndicat des énergies renouvelables). « C’est une bonne nouvelle », s’accorde-t-on à dire du côté du Ser. « Mais nous avons besoin de lisibilité et de stabilité, nuance Jean-Louis Bal, son président. Le doublement du fonds chaleur promis lors de la campagne présidentielle est un gros point d’interrogation. D’après la Direction générale de l’énergie et du climat, il y aura seulement une légère augmentation. »
« Pas assez de moyens »
Or l’Ademe, qui gère ce fonds chaleur, est à saturation. « Il n’y a pas assez de moyens pour payer ce qui est engagé, précise-t-on au Ser, il manque même 70 millions d’euros pour 2016. » Sébastien Lecornu ne donnait, lui, lundi, aucun détail sur l’évolution de ce fonds. Concernant le biométhane, le Ser est sur la même ligne que France Biométhane : « Pour assurer la rentabilité des projets, il faut passer la durée des contrats d’achat de 15 à 20 ans. » Cette option serait sérieusement étudiée par le ministère de la Transition écologique. Une notification à destination de l’Union européenne serait même en cours.
L’augmentation annoncée de la contribution climat énergie, sorte de taxe carbone, à 44 euros la tonne contre actuellement 39 euros la tonne, est accueillie positivement par les professionnels. Elle est même supérieure à celle prévue dans la loi sur la transition énergétique. « Cela peut contrecarrer les effets des prix bas des énergies fossiles », commente Jean-Louis Bal, estimant que cela pourrait fortement aider les filières du bois énergie, en souffrance depuis plus de deux ans. Mais les bioénergies, biocarburants et biométhane injecté en tête, sont aussi concernées par cette contribution.
La France confrontée à d’autres positions en Europe
Les filières s’inquiètent plus largement de leur devenir dans un contexte où les décisions stratégiques sont européennes. « La garantie d’origine de l’énergie renouvelable est remise en cause par une prochaine directive européenne », s’alarme le Ser. De la même façon, les biocarburants de première génération sont aussi menacés.
« La France s’est fixé un objectif dans la loi sur la transition énergétique de 15 % de biocarburants dans les transports d’ici à 2030. Alors que nous demandons un alignement européen sur la position française, Bruxelles veut ramener la contribution maximale à 3,8 % au lieu des 7 % actuels. Les filières françaises ont investi plus de 1 milliard d’euros et aucune n’est amortie. » Sur ce dossier, les professionnels sont toujours en attente de la position hexagonale. La Pologne et l’Autriche pencheraient pour un plafond plus haut.
Les professionnels des énergies renouvelables sont d’autant plus tendus que les négociations avec le Mercosur semblent reparties, et que les importations d’éthanol seraient sur la table. Un élément d’inquiétude qui s’ajoute à la décision de la Commission européenne de baisser les taxes à l’importation sur le biodiesel argentin.
Dans l’attente des détails sur le budget 2018
À Paris, les temporisations politiques sont aussi liées à la présentation attendue du budget de l’État pour 2018. Les arbitrages sur la part revenant au ministère de la Transition écologique devront rassurer le terrain. C’est ensuite la programmation pluriannuelle de l’énergie qui sera révisée, et qui donnera peut-être de nouveaux caps.