«Il y a quelques mois, j’ai eu l’occasion d’expliquer lors d’une émission sur France Inter, la façon dont nous avons réduit de moitié les produits vétérinaires dans notre élevage. Je craignais de m’exprimer sur un sujet aussi sensible. Fallait-il que je me méfie ? Je voulais éviter par une maladresse de faire du tort à la filière porcine. Le jeune vétérinaire de ma coopérative m’a encouragé à présenter avec des mots simples ma façon de faire. Il m’a dit que nous n’avions rien à cacher. Alors, je me suis lancé librement. Je voulais montrer aux auditeurs comment nous nous étions emparés de cette problématique difficile, plutôt que d’y aller à reculons.
Interview à la ferme
Le journaliste Manuel Ruffez est venu m’interviewer à la ferme. Pour faire connaissance, je l’avais invité à déjeuner. J’ai aimé la simplicité et la jovialité de cet ancien grand reporter. Il m’a mis à l’aise. Je lui ai fait confiance. Après le repas, il a mis en route son petit magnétophone. Puis, nous sommes allés dans la porcherie pour la prise de son. Je lui ai donné une cotte à enfiler. Une manière de lui faire toucher du doigt certains de mes propos : moins d’antibiotiques, c’est d’abord plus de prévention. J’appréhendais un peu de lui faire visiter mon bâtiment sur caillebotis, un modèle agricole aujourd’hui mal compris, mais en même temps j’étais fier de le lui montrer mon élevage pour crédibiliser mon discours. J’ai senti qu’il découvrait quelque chose. Je n’ai pas eu le trac. Il est vrai que j’ai la parole assez facile. J’avais quand même pris le temps d’écrire quelques notes avant qu’il arrive.
L’interview a été diffusée un samedi au journal de 13 h, alors que je n’étais pas disponible pour l’écouter en direct. L’un de mes collègues Thierry qui avait suivi l’émission m’a téléphoné pour me féliciter. Mes beaux-parents et des connaissances à l’autre bout de la France, l’ont fait également. C’est donc avec un peu moins de réserve que j’ai écouté en podcast mon intervention. J’ai eu le sentiment de quelque chose d’accompli. J’étais content d’avoir pu m’exprimer en deux minutes de façon claire et fluide. Le travail de Manuel Ruffez y a contribué. Je garde un souvenir positif de notre rencontre. »