Comment répercuter l’augmentation du cours du porc qui a eu lieu après la clôture des négociations commerciales entre les industriels de la charcuterie-salaison et les distributeurs ? En introduisant « une clause de révision du prix d’achat dans leurs contrats de fourniture de produits à marques propres et leurs contrats à marque de distributeur », recommande le médiateur des relations agricoles ce 1er juillet 2019 dans un communiqué de presse.

« À la hausse comme à la baisse »

Le médiateur ajoute que « cette clause librement négociée entre les parties prévoirait les modalités d’un ajustement automatique du prix d’achat contractuel, qui devrait fonctionner à la hausse comme à la baisse par référence à un ou des indicateurs de marché choisis par les parties. » Et cette clause « éviterait notamment de multiplier les renégociations du contrat en cours d’année, alors que la procédure de renégociation est longue et complexe ».

L’interprofession s’est tournée vers le médiateur le 16 avril, faisant suite aux difficultés exprimées par l’industrie de la charcuterie-salaison, après cette augmentation des cours du porc depuis le début de l’année : « Entre le 1er janvier et le 3 juin 2019, le prix de la carcasse a augmenté de 23 % en France, 33,5 % en Allemagne, 36,7 % en Espagne, 33,7 % au Danemark. La moyenne européenne (26 pays) s’établissant à 31,3 % sur la même période. »

Une hausse « appelée à se poursuivre »

Les négociations commerciales qui ont lieu au début de l’année entre les distributeurs et les entreprises de salaison n’ont pas intégré ces augmentations, « appelées à se poursuivre au-delà de la fin de l’année du fait de la propagation probable de la peste porcine africaine dans le monde et du déséquilibre ainsi créé entre la demande et la production de porcs », poursuit le médiateur des relations commerciales agricoles.

Dans son communiqué, le médiateur se « félicite que [les enseignes de la distribution, NDLR] aient toutes engagé une renégociation avec leurs fournisseurs se traduisant dans la grande majorité des cas par une revalorisation à la hausse des tarifs des produits de charcuterie, tant en marque nationale qu’en marque de distributeur. Il constate toutefois qu’une part importante des renégociations n’a pas encore abouti pour plusieurs enseignes. »

Agir rapidement

Il invite les parties prenantes encore en discussion à trouver un terrain d’entente d’ici à la mi-juillet « pour relever les prix d’achat prévus dans leurs conventions annuelles et leurs contrats à marque de distributeur ». Sans oublier d’inviter les parties prenantes à la tenir au courant des résultats de ces renégociations pour « savoir si les prix d’achat ont été effectivement revalorisés ».

Le médiateur engage aussi « les industriels à réaliser un effort de transparence à l’égard des distributeurs, permettant une prise en compte réaliste de la part des matières premières issues du porc dans les produits transformés et ce, dans le respect du secret des affaires et du droit de la propriété intellectuelle. Cette transparence constitue le corollaire à la mise en place d’une clause de révision de prix contractuelle. »

Le médiateur se retourne aussi vers l’interprofession l’invitant « à engager dès maintenant les réflexions sur les perspectives d’évolution de la production de porcs dans les prochaines années, afin de permettre aux éleveurs français d’anticiper les conséquences de la reprise de la production porcine en Chine, et plus généralement en Asie, une fois la crise sanitaire actuelle maîtrisée. Ces réflexions devraient notamment porter sur la montée en qualité […] et le développement des contrats tripartites. »

E.R.