«Il y a deux ans, mes associés et moi, nous avons été sollicités par la délégation angevine de France terre d’asile. L’association, qui accompagne au quotidien des réfugiés, cherchait du travail pour eux. À l’époque, nous n’avions pas donné suite, car en raison du gel, la récolte de pommes de 2017 n’était pas bonne. Mais l’an dernier, nous l’avons recontactée. Notre exploitation compte 110 hectares de vergers, répartis sur trois sites : Le Lion-d’Angers, Candé et Landemont. Depuis vingt ans, nous recrutons des saisonniers polonais. Mais il y a de plus en plus de travail dans ce pays et, en 2018, notre intermédiaire n’arrivait pas à trouver suffisamment de personnes.

Érythréens et Afghans

France terre d’asile nous a proposé une vingtaine de salariés, uniquement des hommes, avec lesquels nous avons signé un contrat de travail d’un mois. Grâce à cette équipe – composée majoritairement d’Érythréens et d’Afghans, mais aussi d’un Chinois – nous avons récolté les variétés précoces dans de bonnes conditions. Celles-ci représentent un tiers de notre production. L’enjeu était de taille. Et le groupe a été à la hauteur. Aujourd’hui, c’est un mode de recrutement que je conseille. Il ne faut pas en avoir peur ! Aucun de ces hommes n’avait l’expérience des tâches agricoles. Ils ont pourtant réalisé un travail de très belle qualité. Sur le plan humain, l’expérience a été bien perçue par les autres salariés et s’est révélée très riche.

Quant à la langue, elle n’est pas un obstacle insurmontable. Tous ces réfugiés parlent ou apprennent le français. En général, ils sont aussi anglophones. Les premiers jours, ils étaient toutefois accompagnés d’un interprète. Celui-ci était déjà venu quelques semaines plus tôt, lorsque nous avions accueilli ces futurs salariés pour leur présenter notre entreprise et le déroulement d’un chantier de récolte avant de les embaucher.

Dans ce projet, nous avons également géré le transport. Les réfugiés habitant Angers arrivaient sur notre site du Lion-d’Angers avec une ligne régulière de bus qui passe à deux kilomètres de l’exploitation. Pour ceux basés à Segré, qui allaient travailler à Candé, nous avons loué les services d’une compagnie de car, et partagé les frais à parts égales entre l’entreprise et les saisonniers. »

Propos recueillis par Anne Mabire