Il a souligné que le passage du quota au contrat n’avait apporté « ni stabilisation du revenu, ni accroissement de la visibilité », et une « tendance à l’ajustement des approvisionnements aux débouchés des entreprises ».

Le rapport de force est à améliorer

Pour cela, le rapport de force est à améliorer, tout comme l’organisation économique de la filière. Trop d’éleveurs livrant à des laiteries privées sont encore hors OP. Pour Yves Riou, il est nécessaire de « renforcer les capacités et le positionnement des organisations de producteurs (OP) ».

Par exemple en encourageant la création d’OP verticales et horizontales (par entreprise ou par territoire), en mettant en place un contrat-cadre obligatoire (chose faite dans la loi Sapin 2), en faisant en sorte d’attribuer des avantages aux adhérents des OP par rapport à des éleveurs hors OP, en incitant le Cniel à se réinvestir sur les questions économiques, en prévoyant une représentation des OP au sein du Cniel… L’amélioration passerait aussi par une plus grande transparence, comme l’information régulière, sur un rythme mensuel, des OP par les industriels.

Des gestions plus ou moins favorables aux éleveurs

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il reste du chemin à parcourir pour mieux structurer le maillon production, et améliorer ainsi le rapport de force avec leurs acheteurs (les transformateurs laitiers). D’après un premier bilan dressé par Gérard You, dans le cadre d’une étude de l’Institut de l’élevage, à paraître prochainement, les principales laiteries françaises en termes de prix du lait et d’encadrement des volumes se classent en quatre grands groupes :

  • les laiteries avec un prix moyen peu élevé et volatile, et un fort encadrement des volumes – autrement dit la double peine pour l’éleveur : Lactalis, Savencia, Bel, Rolland et Agrial-Senagral. Ce sont surtout des privés. Ce groupe pèse 33 % de la collecte française.
  • les laiteries avec un prix moyen peu élevé et volatile, et un faible encadrement des volumes : Sodiaal, Laïta, Eurial, CLHN, Terra Lacta, Prospérité fermière. Cet ensemble de coopératives pèse 35 % de la collecte.

Ces deux groupes d’industriels pèsent plus des deux tiers de la collecte nationale. La plupart sont des industriels de grande taille et exportateurs.

  • les laiteries avec un prix moyen élevé et peu volatile, et un fort encadrement des volumes : Danone, MLC, LSDH Alsace Lait. Ils représentent 7 % de la collecte.
  • les laiteries avec un prix moyen élevé et peu volatile, et un faible encadrement des volumes – les plus favorables aux éleveurs : Ermitage, Isigny Sainte Mère, ULM et Laiterie Saint Père. Ils pèsent 7 % de la collecte.

Les laiteries de ces deux derniers groupes sont de plus petite taille et focalisées sur le marché national.

Contrats tripartites, des outils à étudier

Gérard You a évoqué les contrats tripartites comme outils pour mieux valoriser le lait et atténuer la volatilité. Il a illustré son propos avec deux exemples, tous deux mis en place par LSDH. Le premier a été signé entre l’OP Association des producteurs de lait du bassin Centre (APLBC), LSDH et Auchan ou Lidl, afin de réduire la volatilité. Le deuxième concerne la Coop Bresse Val de Saône, LSDH et Carrefour, sous la marque « C’est qui le patron ? ! », pour créer de la valeur à la production.

E.C.