« Pour l’instant, relativement peu d’agriculteurs en difficulté réalisent un diagnostic d’exploitation. C’est pourtant le bon moment pour mettre les chiffres sur la table et anticiper la prochaine campagne. En mars-avril, quand les trésoreries seront à sec, il sera souvent trop tard », a lancé Guillaume Favoreu, expert chez Optimes et président du GIE Emergens, lors de l’assemblée générale du groupement, le 3 février, près de Tours (Indre-et-Loire).

Sur le terrain, certaines entreprises agricoles sont déjà dans cette situation et ne peuvent faire face aux dépenses : salaires, achat de semences ou de fioul… « C’est dans cette période d’urgence que les agriculteurs fragilisés risquent de signer n’importe quoi, met en garde Claude Domenget, autre expert du GIE Emergens. Par exemple, nous avons récemment vu une banque demander à l’épouse de l’agriculteur de se porter caution de l’ensemble des engagements, lors d’un renouvellement de prêt court terme. Cela peut avoir de graves conséquences pour la famille. »

L’agriculteur au centre de la démarche

Pour aider les agriculteurs en difficulté, le réseau Emergens, composé d’une quinzaine d’experts agricoles et fonciers, a mis au point une méthode pour effectuer un diagnostic complet de l’exploitation (économique, financier, patrimonial, technico-économique). Au préalable, l’agriculteur doit remplir un document pour décrire son exploitation, et renvoyer un certain nombre de pièces. « Ce geste d’engagement montre que l’exploitant est acteur de sa démarche, il se l’approprie », ajoute Guillaume Favoreu. En contrepartie, l’expert s’engage à lui faire un retour et à proposer un plan d’actions sous 15 jours.

Ce diagnostic préalable coûte entre 1 000 et 1 500 euros, et peut, dans certaines régions, comme la région Centre-Val de Loire, être subventionné à hauteur de 60 %. « Il s’agit de poser un regard neuf sur l’entreprise, sans préjugé, ni historique, en toute indépendance », souligne Cecile Levecque, l’animatrice du réseau.

Aude Richard

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