Lors d’une session organisée le 26 janvier 2017 par l’Aftaa (1), le cabinet de conseil Agritel et la coopérative InVivo ont confirmé que les marchés céréaliers allaient rester sur une tendance baissière. « Mais si la probabilité de baisse est plus forte que la probabilité de hausse, le potentiel de hausse est supérieur au potentiel de baisse », a indiqué d’entrée de jeu, Michel Portier, directeur général d’Agritel.
« C’est plutôt un sentiment baissier qui s’est installé » chez les opérateurs en blé, orge et maïs a ensuite déclaré François Luguenot, responsable de l’analyse des marchés chez InVivo trading. Certes, les surfaces de blé aux États-Unis sont plus faibles que prévu, mais pour que les prix mondiaux redécollent, il estime que « plusieurs dizaines de millions de tonnes de perte de production seraient nécessaires ».
L’hémisphère Sud arrive en force en blé
Tout reste possible en fonction du climat des prochains mois. Mais en blé, par exemple, « nous sommes repartis vers une période de restructuration des stocks mondiaux », poursuit le spécialiste. Le marché mondial du blé est en effet particulièrement lourd et cela ne devrait pas s’arranger puisque « l’hémisphère Sud, qui va avoir une production magnifique, arrive en force sur les marchés en cette deuxième partie de campagne », développe François Luguenot.
L’Australie devrait récolter de 31à 33 millions de tonnes (Mt), le phénomène climatique El Niño n’étant pas intervenu au moment crucial pour les cultures. Si bien que « le pays a des quantités énormes de blé à vendre ». De même l’Argentine voit sa production augmenter (15,5 Mt prévues par le Conseil international des céréales, NDLR), du fait de la progression des surfaces et de la quantité d’intrants apportés sur les cultures, le gouvernement désirant doper les exportations céréalières du pays.
Par ailleurs, « la Russie va rester très compétitive jusqu’à la fin de la campagne, elle a pris du retard par rapport à ses capacités d’exportation, au contraire de l’Ukraine qui a déjà exporté massivement du blé et qui devrait poursuivre maintenant avec le maïs ».
Les soubresauts de la demande ont un impact nul sur les prix
« Mais à la fin de juin, on va voir que la Russie n’a pas exporté tout ce qu’elle pouvait, comme l’Australie et les États-Unis d’ailleurs », souligne François Luguenot. Ce qui constitue un facteur baissier de plus, car dans le même temps, « les soubresauts de la demande mondiale ont un impact plutôt nul sur les prix », observe l’analyste des marchés.
Dans ce contexte, François Luguenot concède toutefois que « les prés carrés de la France disparaissent les uns après les autres ou du moins ne sont plus du tout nos prés carrés ». Et de prendre comme exemple le Maroc qui importait du blé français massivement mais qui se tourne de plus en plus vers la Russie.
Même chose en Afrique subsaharienne. « C’est une tendance importante, insiste François Luguenot. Nous ne vendrons pas tous les ans 2 Mt vers cette destination. » Nos débouchés historiques sont ainsi challengés par de nouvelles origines. C’est d’autant plus vrai aujourd’hui avec la mauvaise qualité de la récolte de blé en 2016.
(1) Association française des techniciens de l’alimentation animale.