« Nous sommes contre le cofinancement du premier pilier, lance Stéphane Travert à son arrivée à la table-ronde organisée par la présidence bulgare lors de ce conseil informel des ministres de l’Agriculture de l’Union européenne ce mardi 5 juin 2018 à Sofia. Il s’agit d’une ligne rouge. »
La fronde s’organise
Après avoir lancé la fronde pour défendre le budget actuel de la Pac la semaine dernière à Madrid, le ministre français a bon espoir que d’autres pays viennent rejoindre le mouvement d’opposition à la proposition du commissaire Hogan dévoilée vendredi dernier.
« Nous sommes très inquiets face à cette première proposition car les demandes faites aux agriculteurs ne sont pas raisonnables, estime Michael Creed, le ministre irlandais, très tendu. Je suis très optimiste, d’autres pays vont nous rejoindre pour refuser ce projet. »
Ces discussions informelles lors du dîner lundi soir ou de la table-ronde ce mardi doivent permettre de préparer le conseil des ministres qui se tiendra à Luxembourg le 18 juin prochain. Et de compter les forces en présence.
Comment les États membres se rangent-ils face à la proposition budgétaire de Bruxelles ? Il y a les pays plutôt pour, comme la Bulgarie ou le Danemark, ceux qui sont farouchement contre et les indécis.
Arriver à « une Pac acceptable »
Pour Stéphane Travert, la Belgique, la Roumanie et la République tchèque sont déjà convaincues. « Il y a beaucoup de travail pour arriver à une Pac acceptable, confirme Denis Ducarme, le ministre belge. Des efforts énormes sont demandés à certains pays. Les coupes cumulées vont se monter à 400, voire 600 millions d’euros pour la Belgique. »
« Nous craignons que l’agriculture ne devienne le budget d’ajustement européen or la situation des agriculteurs est très difficile dans tous les pays, poursuit-il. Nous sommes ici aussi pour préparer le conseil du 18 juin, les discussions bilatérales devraient clarifier les positions. »
D’autres s’expriment également contre la baisse des aides tout en insistant sur la convergence entre États membres. C’est le cas du Hongrois Zsolt Feldman qui juge inacceptable de réduire le revenu des agriculteurs en leur en demandant toujours plus. Ou encore du Croate Tugomir Majdak, favorable à la simplification mais très inquiet des restrictions budgétaires.
Pour Stéphane Travert, il ne s’agit pas seulement d’être contre mais bien de travailler pour construire une nouvelle proposition « car il faut effectivement transformer la Pac pour la simplifier et la rendre plus lisible pour les agriculteurs et les citoyens ».
Phil Hogan droit dans ses bottes
De son côté, Phil Hogan, le commissaire européen à l’Agriculture, reste droit dans ses bottes. « Je pense avoir livré une proposition qui limite au maximum la perte de budget liée au Brexit et aux nouvelles orientations stratégiques de l’Union européenne. Les États membres qui ne sont pas d’accord, devront puiser dans leurs poches. »