La publication, le 14 février 2018, des propositions de la Commission européenne pour le futur budget de l’Union européenne, a fait réagir le monde agricole. Alors que Bruxelles propose trois scénarios pour la Pac (maintien du budget actuel, réduction de 15 % ou réduction de 30 %), la FNSEA, le Modef et la Coordination rurale rejettent fermement toute idée de baisse du budget.

Augmenter la contribution des États

« Tactique ou provocation ? s’interroge la FNSEA. Comment ces hypothèses peuvent être envisagées alors que plus que jamais l’agriculture constitue une opportunité, et souvent la seule, de développement économique des territoires mais aussi une solution extraordinairement porteuse pour la lutte contre le changement climatique. »

 

Le syndicat majoritaire demande au président Macron de suivre la voie de l’Allemagne en se positionnant pour « plus d’Europe », c’est-à-dire « plus de moyens financiers mis en commun par un accroissement de la contribution des États membres ».

Pas de baisse des aides sans régulation du marché

« Des possibles réductions budgétaires ne peuvent être discutées que si et seulement si le revenu des agriculteurs est assuré », renchérit la Coordination rurale, qui lie ce sujet avec la régulation des marchés, aussi bien à travers « une organisation des productions » qu’une « protection aux frontières de l’Union européenne ».

 

Tout en demandant le « maintien du budget Pac français à 9,1 milliards d’euros par an » après 2020, le Modef rappelle que l’enveloppe budgétaire française a déjà « baissé de 2 % par rapport à la période 2007-2013 ». Le mouvement de défense des exploitants familiaux souligne qu’« en 2016, 89 % des exploitations agricoles bénéficient d’au moins une subvention » et estime que « sans subvention, 60 % des exploitations auraient un résultat courant avant impôt (RCAI) négatif ».

De la régulation et des aides plus équitables

Le Modef plaide en même temps pour une Pac post-2020 qui comporte des outils de maîtrise des prix. Il souhaite aussi davantage de régulations des marchés, davantage de redistribution des aides vers les exploitations de taille modeste, via un plafonnement à 75 000 € par actif et une dégressivité au-delà de 50 000 €, une convergence totale pour en finir avec les disparités entre agriculteurs, une augmentation de l’enveloppe d’aides couplées et un soutien affirmé aux protéagineux. Il demande, en attendant la prochaine Pac, que la France aille plus loin dans la redistribution des aides aux 52 premiers hectares, en portant l’enveloppe à 20 % du premier pilier en 2019.