Au milieu des prés et des bois à l’Isle-sur-le-Doubs, Laura Streit, 25 ans, nous accueille dans la ferme isolée où elle a grandi. « Ici, c’est ma bulle. Dans cette nature, ce calme, je puise mon énergie et mon inspiration, livre cette grande brune souriante. L’idée de ce dessin m’est venue sur le tracteur. » Et de montrer un portrait noir et blanc, inspiré d’une série télé américaine dont elle est fan. Quel coup de crayon !

Laura a toujours dessiné. Lycéenne, elle s’est un temps consacrée à la peinture. Aujourd’hui, elle use du crayon de papier, parfois de l’aquarelle. « J’ai toujours pratiqué en autonomie, sans prendre de cours : c’est trop cadré pour moi ! », souligne-t-elle. Cette soif de liberté l’a même amenée, après son bac STI Arts appliqués, à renoncer aux Beaux-Arts où elle était pourtant admise.

Un dessin à Londres

Revenue sur la ferme à 18 ans, elle y travaille comme salariée avec son père, récemment retraité, et sa mère. « Choisir entre la voie artistique et l’exploitation m’a toujours été difficile, et le reste encore. Si je pouvais vivre de mon art, la ferme me manquerait et inversement ! » Au milieu du troupeau allaitant et des champs, son regard d’artiste et son imagination fertile restent en éveil. Spontanément, elle capture « des moments, des détails dégageant quelque chose » avec son téléphone portable. Elle a ainsi saisi « des couleurs, des détails intéressants d’objets rouillés sur l’exploitation », clichés qu’elle a exposés l’an dernier.

Depuis un an, Laura s’adonne aussi à la sérigraphie. Dans son petit atelier en sous-sol de la maison familiale, elle transforme certains de ses dessins en affiches. « C’est une technique méthodique et précise or je ne suis pas patiente !, sourit-elle. Mais j’y passe le temps nécessaire car j’adore obtenir un beau résultat ! » Cet hiver, pendant un mois, elle a consacré son temps libre à une affiche en hommage à David Bowie, comportant neuf couleurs. Un travail couronné de succès : avant d’être exposée localement (lire l’encadré), son œuvre a été présentée en avril au musée de Soho, à Londres, dans le cadre d’une exposition commémorative sur la rock star. « J’y suis allée, c’était magique ! », s’enthousiasme Laura, qui ne quitte pas facilement son petit monde.