Stéphanie Outre, maraîchère bio à Belberaud (Haute-Garonne), est l’une des premières à avoir testé un petit robot pour biner ses plates-bandes. « Il y a trois ans, nous pensions arrêter la culture des poireaux, car nous ne parvenions pas à maîtriser l’enherbement, raconte-t-elle. L’utilisation de cette aide au désherbage a changé notre façon de travailler. Non seulement nous avons continué les poireaux, mais le robot intervient sur toutes nos cultures de plein champ. Nous n’utilisons plus de bâches en plastique, ce qui entraîne des économies en matériel et temps de travail. Nous avons juste été obligés d’effectuer un réglage, lorsque nous nous sommes mis à utiliser un enfouisseur de pierres, car les roues du robot patinaient davantage dans la terre rendue plus meuble. Comme il mesure les distances à parcourir en tours de roues, il avait tendance à changer de rang trop tôt. Mais cela a vite été arrangé. »
Plus 20 % de rendement
Dimitri Venant, maraîcher bio à Prin-Deyrançon (Deux-Sèvres), s’est équipé il y a un an. « Lorsqu’on cultive soixante légumes différents que l’on vend en direct, on n’a pas le temps de désherber à la main, confie-t-il. Une fois bien réglé, le robot a pu travailler seul sur deux de mes quatre hectares. Cela m’a permis de me libérer du temps pour désherber les carottes à la main. Toutes ces cultures n’étant plus concurrencées par les adventices, j’ai gagné 20 % de production, et donc 20 % de chiffre d’affaires. J’ai aussi pu augmenter ma surface de production de 1 ha. » Le robot passe entre les rangs pour biner, mais il est aussi équipé de herses étrilles ou de rasettes à brosse pour désherber en même temps sur le rang. Dimitri l’utilise également pour transporter ses cageots, lorsqu’il récolte ses tomates, et ses caisses de plants lorsqu’il plante manuellement.
Depuis 2015, le robot Oz conçu par Naïo Technologie, jeune PME toulousaine, et utilisé par les deux maraîchers est équipé de deux caméras. Ajoutées à son guidage laser, celles-ci lui permettent de mieux « voir » et « interpréter » son environnement. Il détecte ainsi les semis dès qu’ils atteignent 3 cm (contre 10 cm auparavant), suit le bord des bâches noires et les nettoie, et tourne de façon plus sûre en bout de rang. Il est équipé d’une batterie au lithium d’une autonomie de dix heures, qui peut être rechargée deux mille fois.
« Le robot coûte 21 000 € et nous attendons de savoir si la Région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées nous allouera une aide pour l’acheter, explique Cyril Rous, maraîcher bio à Lafrançaise (Tarn-et-Garonne), depuis 2013. Nous cultivons 5 à 6 ha par an avec ma femme Caroline, mais nous n’avons pas le temps de désherber. Si nous sommes aidés pour 30 % du prix, ce sera bien. »