La quinzaine de la transmission, qui se tient du 14 au 25 novembre, a été l’occasion de rappeler encore une fois à quel point le cédant doit préparer tôt la transmission de son exploitation. Au moins 10 ans avant, voire « dès l’installation ! », a lancé Raymond Vial, élu en charge de ce dossier pour les chambres d’agriculture, lors d’un débat à l’Assemblée permanente (APCA) à Paris le 22 novembre 2016. C’est un défi pour la profession, mais également pour la société qui bénéficie des emplois induits et des paysages.
45 % des fermes à céder dans 10 ans
Anticiper, donc, d’autant que les départs se feront par vagues de 15 000 retraités par an dans les prochaines années. Au niveau national, 45 % des actuels chefs d’exploitation prendront potentiellement leur retraite dans les dix ans. Plusieurs partiront avant 65 ans, pour des raisons économiques, de santé ou de changement de carrière. Autant dire que l’offre sera abondante ! Avec quelle répercussion sur les prix ?
Réguler les prix des exploitations
Si le foncier ou les vignobles, valeurs refuges pour les investisseurs, ont peu de chance de se dévaluer, qu’en sera-t-il des actifs dans un marché saturé ? Prudence donc dans les investissements défiscalisants en fin de carrière : ils alourdissent le poids de la reprise et ne seront pas toujours bien valorisés… « Il faut une régulation des prix des entreprises agricoles, comme ça existe pour le foncier, préconise Emmanuel Hyest, directeur de la FNSafer. Il faut des références de prix selon la rentabilité des fermes. En vendant au plus offrant on tue la compétitivité ! » Il faudra trouver une issue à l’éternel débat entre valeur patrimoniale et économique.
Il est à noter qu’aujourd’hui 30 % des repreneurs sont des hors-cadre-familial, et que leur proportion va progresser.
19 agriculteurs ont plus de 100 ans !
Certes, tous les exploitants ne partiront pas à 62 ans. Pension de retraite insuffisante, volonté de garder la maîtrise du patrimoine, manque de repreneur, goût du métier… Les raisons de poursuivre ne manquent pas, à en croire la MSA qui recense même 19 exploitants centenaires ! Quitter le métier, surtout s’il faut vendre à un tiers, est une « petite mort ». Certains conseillent de revoir le statut du fermage pour inciter les cédants à sauter le pas plus facilement. La transmission est le dernier projet de l’exploitant : sa réussite est une condition pour bien vivre sa retraite.