Le non-labour a pour effet de retarder la minéralisation de l'azote. Patrick Guignier l'a bien remarqué sur son exploitation de Senots, dans l'Oise. « En non-labour depuis 1992 et en semis direct depuis 2000, j'observais un problème de démarrage de mes cultures, surtout au printemps », explique-t-il. Pour remédier à cet inconvénient, l'agriculteur a décidé de localiser une partie de ses apports d'engrais au semis.

DÉMARRAGE PLUS RAPIDE

Patrick Guignier s'est d'abord tourné vers l'apport d'engrais sous forme solide. « Je travaillais avec un semoir Semeato à double trémie et distribution pneumatique. Une caisse était dédiée à la semence, l'autre à la fertilisation », précise-t-il. « La technique montrait des effets positifs. Toutefois, elle présentait plusieurs inconvénients », poursuit-il. Il a ainsi rencontré des cas de « prise en masse » de l'engrais liés à l'hygrométrie. « Cela occasionnait des problèmes d'écoulement dans la distribution, indique Patrick. L'utilisation d'engrais solide imposait également le recours à des formulations prêtes à l'emploi. Par exemple, il m'était impossible d'inclure si besoin des oligoéléments. » Autre grief, davantage à mettre sur le compte du mode de localisation : l'élément semeur était en contact avec l'engrais. « Ceci entraînait une oxydation et donc son usure prématurée », signale l'agriculteur.

Face à ce bilan, il a donc modifié sa technique. « J'ai remplacé mon semoir par un modèle mécanique, toujours de marque Semeato, équipé d'un système d'injection d'engrais liquide », indique Patrick. Ce dispositif, nommé Startec, se compose d'une cuve fixée au relevage avant du tracteur, d'une pompe électrique avec régulation DPAE, de deux têtes de répartition et d'injecteurs placés juste derrière les éléments semeurs, afin de localiser l'engrais dans la ligne de semis. Ces injecteurs prennent la forme de jets crayons. Ceux utilisés par Patrick Guignier sont calibrés pour des doses comprises entre 50 à 100 l/ha. « Je me contente de petites doses d'apport pour éviter tout risque d'acidification ou de perturbation du lit de semences. Pour fonctionner avec d'autres doses, il faudra obligatoirement changer de calibrage sous peine de rencontrer des problèmes de pression de travail, comme ce serait le cas pour une buse de pulvérisateur. En fait, l'utilisation du dispositif doit être raisonnée comme pour un pulvérisateur classique », argumente l'agriculteur.

DÉSHERBAGE PLUS EFFICACE

« La localisation d'engrais liquide me donne entière satisfaction, notamment en raison de sa flexibilité. En effet, je peux faire ma fertilisation de base et, si je le souhaite, apporter en simultané des oligoéléments, comme du bore sur mes colzas, ou incorporer des activateurs de vie microbienne », apprécie Patrick. Ce dernier a constaté que ses cultures démarraient beaucoup plus vite. « J'ai pu gagner en précocité et donc maintenir le plein potentiel de mes cultures, estime-t-il. Je n'ai pas forcément diminué mes doses d'apport, car je travaillais déjà avec de petites quantités. Toutefois, la solution liquide me revient moins cher que le solide. Enfin, l'efficacité de mon désherbage s'est accrue car j'interviens sur des parcelles où seule la culture a été fertilisée. Avec cette technique, j'ai mis fin à cette aberration consistant à nourrir des adventices qu'il faudra ensuite détruire. »