Ils ont quitté les Pays-Bas pour la France il y a dix-huit ans. Alors âgés de 22 et 25 ans, Marianne et Jan Moonen rachètent une exploitation de 245 hectares à Héberville, en Seine-Maritime, et s'installent avec les aides « jeunes agriculteurs ». Ils poursuivent les cultures originelles de l'exploitation - betterave, colza, blé, maïs et lin -, des productions similaires à celles de leurs fermes familiales aux Pays-Bas, et ajoutent la pomme de terre, principale raison de leur venue en France.

LA PAPERASSE, UNE SPÉCIFICITÉ FRANÇAISE

« Nous avons trouvé l'annonce de cette ferme sur le site de Terres d'Europe (lire ci-contre), explique Marianne. Nous nous fréquentions depuis seulement cinq semaines lorsque Jan m'a proposé ce projet. La ferme était en vente depuis quatre ans mais ne trouvait pas d'acheteurs. Les propriétaires ne voulaient pas la démanteler afin de conserver les emplois de leurs sept salariés. » Epaulés par la Safer et le Crédit agricole, Jan et Marianne signent l'acte d'achat en six mois. « Terres d'Europe nous a mis en contact avec les propriétaires et nous a accompagnés dans nos démarches lors desquelles nous avons visité la ferme onze fois. » Le très bon accueil des anciens propriétaires et des salariés facilite leur installation. Si les Moonen se réjouissent qu'elle se soit passée « à merveille », tout n'a pas été rose. « Le plus difficile était le côté administratif. La paperasse est une spécificité française ! Nous avons dû signer et parafer près de 600 documents », explique Marianne

« A notre arrivée nous parlions très peu français, poursuit-elle. Nous avons participé à tous les événements de la commune pour nous agriimmerger le plus rapidement possible. » Aujourd'hui, ils sont parfaitement intégrés à la vie de leur village de 150 habitants. Marianne préside le comité des fêtes depuis plus de cinq ans et elle entame son deuxième mandat de conseillère municipale. Jan a été trésorier du syndicat de plants de pommes de terre de Seine-Maritime.

Les Moonen ont quatre enfants, tous nés en France, et de nationalité néerlandaise. « Nous n'avons pas cherché à prendre la nationalité française, par peur de la paperasse ! Nous pouvons voter aux élections municipales, c'est l'essentiel. » Jan et Marianne ont transmis à leurs enfants l'amour de leur métier. Les aînés, Luc (14 ans) et Max (12 ans) s'orientent vers des études agricoles avec la ferme intention de reprendre l'exploitation. Les deux plus jeunes, Sandra (11 ans) et Manon (9 ans) ne sont pas en reste. Si Jan et Marianne devaient dresser un bilan de leur aventure, rien ne noircirait le tableau. « Partir jeune et sans enfants est essentiel. Si c'était à refaire, nous ne changerions rien ! »