1. Sans cultures énergétiques. Les digesteurs méthanisent des déchets organiques d'industries agroalimentaires (ici des fruits et légumes), de collectivités et d'abattoirs. Le lisier des bovins de la ferme est également incorporé.

2. Hygiénisation. Les coproduits animaux sont stockés puis chauffés à 70°C pendant une heure avant méthanisation.

3. Incorporation. Cette trémie à vis, chargée au godet, alimente en substrats le premier digesteur.

4. Moteur à gaz. Le local abrite un moteur à gaz de 526 kW. On compte trois moteurs sur le site, de marque Pro2 et Jenbacher. L'un d'eux (bien entretenu) a fonctionné 8.400 heures en 2007.

5. Réserves. Chaque digesteur peut stocker la production de quatre heures de gaz dans son dôme.

Andre Buschhaus, agriculteur à Grefrath, dans l'ouest de l'Allemagne, dirige un atelier de biométhanisation selon un modèle adapté au contexte français.

Quand nombre de ses confrères allemands incorporent quasi exclusivement des cultures énergétiques subventionnées dans leurs digesteurs, lui utilise des substrats issus d'industries agroalimentaires, et les déjections de ses vaches laitières. L'installation produit du biogaz depuis 2001. Sa puissance initiale était de 160 kW, puis elle a évolué pour atteindre 1 MW, avant de passer à 1,4 MW en décembre 2007.

Le propriétaire explique cette augmentation par la possibilité d'accroître son approvisionnement en matières facilement fermentescibles.

Lisier et coproduits alimentaires

Aujourd'hui, Andre Buschhaus introduit annuellement 6.000 m³ de lisier de bovins et des déchets divers : fruits et légumes, tris de céréales, déchets de collectivités et d'abattoirs...

Le tonnage annuel est variable selon le potentiel de production d'électricité des stocks. Les coproduits animaux subissent une hygiénisation (chauffage à 70°C pendant une heure) de façon à éliminer les germes pathogènes qui pourraient se retrouver dans le digestat.

Les substrats liquides sont insérés dans un premier digesteur de 1.206 m³ via des canalisations souterraines. Après un séjour d'une cinquantaine de jours, ils atteignent par surverse un deuxième digesteur de 2.078 m³.

Les éléments solides sont introduits dans ce même digesteur grâce à une trémie d'insertion de 14,5 m³. Les substrats aboutissent enfin dans un postfermenteur de 3.185 m³. Les digesteurs sont infiniment mélangés, des pales et des agitateurs immergés brassent le milieu.

Les trois étapes de fermentation optimisent l'extraction de biogaz. Après épuration, le méthane issu du postfermenteur entraîne trois moteurs à gaz (un de 330 kW, deux de 526 kW).

Fermentation en trois étapes

Les moteurs à gaz sont pluschers que les moteurs dual fuel mais ont une duréede vie plus longue et permettent une autonomie en combustible fossile. L'atelier de biométhanisation néces-site en moyenne deux heures de travail par jour pour une personne. L'électricité générée est vendue à hauteur de 10 centimes d'euros/kWh, dont un bonus chaleur de 2 centimes d'euros/kWh. La chaleur produite chauffe les bâtiments d'élevage, un monastère et une champignonnière. Le réseau de chaleur sera prochainement relié à une serre de deux hectares, située à deux kilomètres de la ferme. Andre Buschhaus compte parmi ses recettes les 5 à 20 e/tonne ou m³ que les industriels et les collectivités lui paient pour le retraitement de leurs déchets. Le digestat est épandu pour 5 e/m³ dans un rayon de 20 km. Les agriculteurs voisins apprécient les qualités agronomiques de ce produit désodorisé et le rémunèrent à un coût égal à celui de son transport. L'investissement se chiffre à environ 2 600 euros/kW, soit près de 3,64 millions d'euros. Andre Buschhaus tire profit de sa maîtrise des coûts des substrats et de la valorisation thermique de son installation, deux points qui seront essentiels pour la viabilité des projets de biométhanisation en France.

 

 

Des agriculteurs français au pays du biogaz roi

 

Constructif. Les agriculteurs ont manifesté leur intérêt par de nombreuses questions. Leurs dialogues avec les producteurs allemands et les ingénieurs ont été riches d'enseignement. 

L'entreprise Biogaz Panet France organise des visites d'installations de biométhanisation en Allemagne. Ce bureau d'études situé à Fougères, affilié à l'un des leaders des constructeurs allemands, entend ainsi satisfaire l'intérêt croissant des agriculteurs français pour cette production.

Il leur donne l'opportunité de rencontrer des producteurs qui ont du recul sur cette activité encore embryonnaire en France.

Une trentaine d'agriculteurs intéressés par la biométhanisation ont fait le déplacement au début de décembre 2007 pour visiter quatre installations aux caractéristiques différentes.

Selon Timothée Bellet et François Duriez, ingénieurs d'études de Biogaz Planet France, le contexte français sera favorable à la méthanisation associée de déchets organiques, d'effluents agricoles et de cultures intermédiaires.

Ce mode de production sera plus économique et écologique que le système allemand, surtout fondé sur l'ensilage de maïs. C'est dans cette optique que le bureau d'études propose notamment une mise en relation des agriculteurs avec les producteurs de déchets.