Etats-Unis. A deux pas d'Hollywood Boulevard, 90 fermiers montent leur étal chaque dimanche.

 

Chaque dimanche, tandis que les autobus déversent leurs flots de touristes sur le trottoir des célébrités d'Hollywood Boulevard, à Los Angeles, à quelques pas, dans une rue adjacente, les amoureux des belles et bonnes nourritures se pressent devant les étals de quelque 90 producteurs fermiers, installés sur Ivar Avenue.

Arrivé tôt le matin de Dinuba, à 300 km de là, John vend les premières tomates de la saison, cultivées sur plusieurs centaines d'acres de sa ferme : « Je commercialise une grande partie de ma production de légumes sur les marchés de Los Angeles. Les gens paient un peu plus cher qu'au supermarché. Mais ils connaissent l'origine de mes légumes et la tête de celui qui les produit ! Je crois qu'ils aiment bien ! »

 

A L.A., tentaculaire citée de 3,8 millions d'habitants, le nombre de marchés fermiers ne cesse de s'accroître. Près d'une centaine sont certifiés par la commission de l'agriculture et de la santé du comté de Los Angeles. Ce « label » garantit que tous les produits vendus sur le marché sont fermiers. Tout a débuté en 1978 avec quatre producteurs. Aujourd'hui, chaque semaine, 700 marchés se tiennent à ciel ouvert.

 

A Santa Monica, en bordure du Pacifique, Diana Rodger, l'une des responsables du marché fermier de cette partie de la ville, confirme cet engouement : « Pour chaque marché, la liste d'attente des fermiers californiens s'allonge. Nous donnons d'abord la priorité aux produits qui ne sont pas représentés. Beaucoup de producteurs sont bio, mais ce n'est pas une obligation. Les Angelenos viennent chercher des produits qui ont du goût et soutenir une certaine idée de l'agriculture familiale. »

Le prix à payer pour vendre sa production sur les trottoirs de Los Angeles varie de 4 à 12 % de la vente du jour. (Jean-Paul Frétillet)

 

Italie. L'agritourisme génère 30 % de notre chiffre d'affaires de la famille Giuseppe Corsini. 

 

Rien de plus naturel pour la famille de Giuseppe Corsini que d'aller au bout de la transformation de leurs produits. Tout comme Simone et Lorenza Castelli (notre photo), éleveurs de porcs de race cinta senese et de bovins chianina en Toscane, qui ont a ouvert chambres et table d'hôtes. Ils ont accroché une pancarte « Agroturismo » au bout de son chemin sans plus de formalités et ouvert un site internet.

Ils réalisent 30 % de leur chiffre d'affaires dans ces activités complémentaires. De son côté, Giuseppe Corsini va plus loin encore : il transforme tous les jours entre 800 et 1.000 litres de lait en fromage frais, qu'il livre. Il a aussi restauré trois gîtes ruraux.

Selon Ricardo Passero, du ministère de l'Agriculture, l'identité même de l'agriculture italienne, la culture gastronomique, l'habitude de cuisiner à la maison se reflètent dans ces pratiques : la transformation et la vente au consommateur a toujours existé. Ici, les supermarchés ont mis davantage de temps pour percer et se sont moins implantés qu'en France. Les Italiens ont gardé l'habitude de se fournir dans des boutiques de proximité.

« Les produits sous signe de qualité sont au nombre de 210 et représentent 22,3 % de la part européenne. Nous avons 1,2 million d'hectares consacrés à l'agriculture biologique, qui concerne 43.500 exploitations. L'agritourisme, né dans les années 1980, concerne 19.000 exploitations », résume-t-il. D'autres chiffres expliquent cette habitude de chercher à récupérer davantage de valeur ajoutée : en moyenne, les exploitations font 7,4 hectares ! (Marie-Gabrielle Miossec)