« En novembre, notre contrôleur laitier nous annonçait qu'au rythme où nous allions, nous dépasserions notre quota de 405.000 l de lait de 22 %. Aucune rallonge n'était annoncée à l'époque. Nous préférons produire beaucoup de lait en début de campagne, quitte à lever le pied ensuite.
Comme nos 55 prim'holsteins ont une bonne génétique, nous avons facilement vendu 11 vaches en production. Nous avons anticipé de deux mois le tarissement de cinq laitières et avons levé le pied sur l'alimentation. »
Martine et Laurent distribuaient alors avec la mélangeuse 14 kg de matière sèche (MS) de maïs ensilage par vache, 1 kg d'enrubannage de luzerne, 2 kg de tourteau de colza. Les prim'holsteins recevaient aussi 0,7 kg de tourteau au distributeur automatique de concentré (Dac). Les vaches en première lactation et les fraîches vêlées en recevaient un peu plus. Le prix de la ration était alors de 1,50 € par vache et par jour.
Anticiper les achats
« Le coût de production de notre maïs ensilage n'est que de 45 €/t, précise Laurent. Mais avec un rendement qui atteint 17,8 t/ha cette année car la culture n'a pas été pénalisée par la sécheresse. »
Le faible coût alimentaire s'explique surtout par des achats d'aliments anticipés. Le tourteau de colza a été acheté il y a un an, à 152 €/t rendu ferme.
« Je participe à un groupe grandes cultures d'un organisme de conseil, le Casea à Rennes. Nous nous réunissons pour discuter de nos stratégies de vente, mais aussi de nos achats d'intrants et d'aliments. C'est par ce groupe que j'ai eu l'idée d'acheter mon tourteau par camion de 25 t auprès d'un courtier car c'est le meilleur prix. Je le stocke dans des cellules ou à plat. »
Laurent et Martine optent pour du soja ou du colza en fonction du prix. « En tenant compte des économies de phosphore, le colza est intéressant si son prix ne dépasse pas 75 % de celui du soja », estime Laurent.
Un coût alimentaire constant
Lorsqu'en janvier, leur laiterie leur annonce une rallonge de quota de 5,5 %, Laurent et Martine ne sont pas pris de cours. Mais avant de se lancer, ils vérifi ent que le jeu en vaut la chandelle.
« Je participe à un groupe de travail lait organisé par le Ceta (Centre d'études techniques agricoles) où nous échangeons sur nos stratégies, explique Laurent. Nous avons à disposition un logiciel simple pour calculer l'efficacité alimentaire de nos rations. Je rentre les différents composants et leur tarif. Le logiciel calcule le rapport entre le coût alimentaire et le prix du lait. Celui-ci doit être proche de 0,25. »
Les rallonges de quotas sont payées au tarif de valorisation beurre poudre, soit 10 % de moins que le prix de base. « Mais comme nous avons augmenté notre production sans acheter de vaches supplémentaires ou courir chez le marchand d'aliments, c'est intéressant, souligne Laurent.
Désormais, nous distribuons 16 kg de MS de maïs ensilage, 1 kg d'enrubannage de luzerne, 3 kg de tourteaux de colza. Nous avons aussi ajouté 2,5 kg d'orge que nous avons en stock et 50 g d'urée pour équilibrer la ration. Les vaches ont à leur disposition jusqu'à 1,5 kg de tourteau de colza au Dac. Elles en consomment en moyenne 1 kg. »
La ration contient 24 kg de MS pour un coût de 1,90 €. La transition s'est faite en douceur. Laurent et Martine ont apporté du bicarbonate et augmenté l'enrubannage de luzerne à 4 kg pour éviter l'acidose.
Grâce à une bonne génétique, les vaches ont bien répondu. Les 42 laitières produisent 29 l de lait pour un mois moyen de lactation de 6,6. Trois mois avant, la production était de 27 l pour un mois moyen de 7,2. Laurent et Martine produiront 36.000 l en mars, contre 30.000 les mois précédents.
Le coût alimentaire qui était de 61 €/1.000 l en novembre, dont 28 € de concentré, est quasi constant à 63 €/1 000 l, dont 36 € de concentré.
Face à la flambée des cours, le couple fera une impasse sur le tourteau cette année. Mais il a déjà des solutions de remplacement. Il a encore de la féverole de la récolte de 2011 stockée en boudin et en a semé de nouveau.
Cet été, Laurent et Martine utiliseront du maïs grain enrichi en ammoniac. Et Laurent est à l'affût pour des achats de tourteaux pour la récolte de 2012.