« Nous achetons quasiment onze camions de soja par an, soit presqu'un par mois, calcule Dominique Fradet, en Gaec avec Didier Cornuau à La Chapelle-Montreuil, dans la Vienne. J'ai raté une offre à 295 €/t sur septembre. Le temps que je me connecte, elle était passée à 304 €/t. »
Pour éviter que la situation se reproduise, Dominique s'est inscrit à un système d'alerte par SMS proposé par son nutritionniste. Il espère ainsi gagner en réactivité.
APPRENDRE À ACHETER AU MIEUX
Avec 170 ha et 127 prim'holsteins, le Gaec a construit une stratégie d'alimentation basée sur la plus grande autonomie dans ses achats. Il emploie un salarié et sous-traite les travaux des cultures. « Nous avons simplifié notre conduite d'exploitation pour nous concentrer sur les animaux après des années difficiles, poursuit-il. Maintenant, ça tourne. Avec la mélangeuse, nous incorporons des produits en toute petite quantité. Je fais mon propre mélange de minéraux. J'achète uniquement un complexe oligo-vitamines. »
L'exploitation produit le maïs qui rentre dans la ration de base des vaches. Sa production de blé couvre entre le quart et le cinquième de ses besoins annuels en paille. Le Gaec achète pour près de 100 000 € de matières premières par an : depuis le soja jusqu'aux minéraux, en passant par la paille. « Il faut donc apprendre à acheter au mieux, c'est un nouveau métier finalement. Et en externalisant les travaux, j'ai libéré du temps pour suivre les cotations. » Dominique estime avoir gagné de 15 à 20 % sur le coût alimentaire en passant aux achats de matières premières. « Mais cela reste difficile de chiffrer précisément car, entre temps, nous sommes passés de 600 000 à 1,02 million de litres de quota. » La trésorerie est suivie au plus près. « Elle est rudement sollicitée quand le soja vaut 380 €/t, avec en plus 13 €/t de transport pour le faire venir du port de Montoire ! Heureusement, les cours sont redescendus. Dans tous les cas, plus vous produisez, plus vous risquez de perdre », résume Dominique.
LA TRÉSORERIE SOUMISE À RUDE ÉPREUVE
Le Gaec travaille, bon an mal an, avec une ligne de crédit de 70 000 €/an. « Nous la soldons lors du versement des primes Pac en général. Avec l'augmentation du prix des matières premières, en pleine crise laitière, la banque a eu un peu peur. Mais j'avais sécurisé la vente de deux lots de blé avec des contrats Euronext à 246 et 247,50 €/t, ainsi qu'un lot de colza à près de 400 €/t. Ça l'a rassurée. Mais attention, il n'est pas question d'engager toute la récolte, je vends le reste en prix d'acompte. »