« Notre principal objectif est de gagner en autonomie pour limiter les coûts, présente Jean-Pierre Demy, installé avec Annie, sa femme, Bruno, son frère et Michel Letort à Pléchâtel, en Ile-et-Vilaine. C'est pourquoi nous gardons nos céréales pour les utiliser dans l'alimentation de nos 85 prim'holsteins, nos 40 limousines et de nos volailles. » Auparavant, les associés faisaient fabriquer les aliments à façon. Les volumes étaient trop faibles pour investir dans une fabrique d'aliment. Avec la construction d'un local de stockage à plat des céréales, ils ont eu l'idée de recourir à un camion usine qui vient faire le travail chez eux.
TOUTES LES TROIS SEMAINES
Le camion, équipé d'un aplatisseur (150 q/h), d'un broyeur (20 t/h) et d'une mélangeuse verticale à double flux, s'arrête toutes les trois semaines. Selon les besoins, il fabrique un aliment pour les volailles, les allaitantes ou les veaux. Du maïs sec et de l'orge sont aussi broyés pour les laitières. La fabrication d'un aliment de production distribuable avec le Dac est en cours de réflexion.
« Les matières premières sont aspirées les unes après les autres avec un tuyau souple, explique Alain Basecq, directeur de la SANM, la société qui détient les camions. Cela permet d'accéder à n'importe quel type de stockage. Tout est pesé. Différentes granulométries de broyage sont possibles. » De l'huile de soja ou de lin est ajoutée pour agglomérer les matières premières et limiter la poussière. Pour les volailles, l'huile apporte aussi de l'énergie. Minéraux, sels ou prémix peuvent être introduits dans la mélangeuse grâce à une trappe à l'arrière du camion. L'aliment est évacué par pulsation vers le stockage. Il ne reste aucun résidu dans la mélangeuse d'un chantier à l'autre et le camion peut être utilisé dans des fermes bio.
Comme les matières premières sont regroupées, il ne faut que 35 minutes pour fabriquer 6 t d'aliment. Le coût s'élève à 25 €/t. Suivant l'organisation du chantier, il peut atteindre au maximum 30 €/t. « Nous économisons en moyenne 50 à 60 €/t par rapport à des aliments du commerce, estime Jean-Pierre. La composition est régulière car nous utilisons toujours les mêmes matières premières. L'utilisation de nos céréales est un argument pour la vente directe de nos volailles et de nos bovins, ainsi qu'un gage de traçabilité. C'est aussi un avantage lors de fortes variations des cours car nous stockons nos matières premières. Nous achetons juste du tourteau de soja et, pour limiter cette charge, nous semons en dérobée un mélange de trèfle et de ray-gras pour affourager les laitières en vert. »